vendredi 31 juillet 2009

Les voies du Seigneur sont impénétrables.

Mathieu c'est un beau nom pour un prêtre, alors appelons le ainsi. Mathieu est un beau prêtre, athlétique, jeune, un regard bleu qui fait fantasmer les ménagères le dimanche matin. Il n'en a jamais profité, et ça ne lui manque absolument pas. Il n'a jamais connu l'amour, il n'a jamais connu la chair. Le Seigneur est venu "le cueillir" avant, comme il l'explique parfois aux jeunes de son aumônerie. D'ailleurs ce soir c'est avec eux qu'il a passé la soirée. Deux fois par an, il organisait une fête avec les jeunes paroissiens, histoires de leur montrer que l'église sait aussi profiter de la vie, et que le Seigneur aime bien les gens qui s'amusent. C'était une fête réussie, il y avait de la musique, des jus, et des sodas. Certains avaient apporté de l'alcool en douce, et ils les avaient sermonnés l'air de rien, comme s'il parlait à lui même. Les bouteilles étaient rentrées dans les sacs et n'en sortirent sûrement qu'après qu'il eut le dos tourné. Ces rassemblements étaient l'occasion de prendre le pouls de la nouvelle génération. De savoir qu'elle direction prenait le monde. Avoir des conversations "Off" sur des sujets variés. C'était un moment rare qu'il appréciait entre tous. Dimanche prochain il redeviendra à leurs yeux le Père Gardet, qui radotera les mêmes préchi-précha, dans un habit d'un autre temps...Mathieu vérifie une dernière fois qu'il a bien verrouillé les portes de la salle de l'aumônerie, puis il sort un paquet de cigarettes d'une poche de sa veste. Il regarde alentour et allume une cigarette avec un air ravit. C'est son pêché mignon, il en fume une de temps en temps, en se promenant dans sa rue déserte le soir. Et puis une grande camionette blanche s'arrête à sa hauteur. "Vous avez du feu mon Père?" lui demande une voix de femme. Il se rapproche et fait le tour pour voir qui lui parle et lui apporter le briquet. Alors qu'il est à hauteur du siège conducteur, trois paires de bras le saisissent par derrière. Tout va très vite. Une serviette trempé de chloroforme est appliqué sur sa bouche et son nez. Il crie, mais le tissu est appliqué avec fermeté et seul un faible son traverse. Ses forces l'abandonnent. "Seigneur protégez moi!" pense-t-il une dernière fois avant de tomber, inconscient.

Ce soir Mathieu Gardet va mourir...De plaisir. Kidnappé par Katsumi, Clara Morgane, Oksana, et Yasmine lors d'une opération commando, le Père Gardet va être amené dans un lieu inconnu puis violé en groupe par une vingtaine de stars de l'industrie pornographique française. Une nuit sans fin, aux tortures et humiliations multiples. Un bain de champagne qu'il devra prendre nu sous le regard avide de jeunes succubes lascives au corps de rêve, qui laveront chaque parcelle de sa peau avec leur langue chaude et nerveuse. Des paires de seins et des sexes humides à caresser et lécher toute une nuit durant, tandis que d'innombrables bouches viendront aspirer sa vie. Et puis un coït extatique, fiévreux, sans fin, qui repoussera le corps vierge du pauvre Mathieu dans ses derniers retranchements. Les yeux bandés, il sera relâché vers quatre heures du matin, au hasard des rues parisiennes. Souillé, exsangue, il regagnera, en état de choc, le pas mal assuré, son domicile, sa paroisse. Mathieu ne sera plus jamais le même...Mais que voulez-vous, il faut bien que les hardeuses décompressent un peu de temps en temps. Elles font ça une fois par mois. Le vendredi soir. Elles se réunissent en petite tenue sexy et décident de kidnapper un puceau au hasard dans Paris. Pour le violer en groupe et l'initier aux plaisirs de la chair. Enfin, c'est ce que j'imaginais quand j'étais jeune. Je les regardais, les yeux brillants et le sexe droit, s'ébattre sur mon écran d'ordinateur, déesses du sexe, amazones des temps modernes, et j'espérais qu'un jour, elles me choisiraient et viendraient m'emporter. Mais elles ne sont jamais venues...Salopes!

mardi 28 juillet 2009

Un jour comme un autre...

Ca avait commencé dès le matin au réveil. En sortant du lit, il lui manquait son pied gauche. Des petites choses comme ça qui font qu'une journée commence mal.
- Tu n'aurais pas vu mon pied chérie? lui avais demandé Nicolas en cherchant sous le lit.
- Hier soir, tu l'as pris un court moment et ensuite tu t'es endormi. Je ne sais pas ce que tu en as fait moi. Avais répondu Elise en changeant le filtre de la cafetière. Une brave fille cette Elise, elle supporte toutes les excentricités de son copain avec flegme. Une jolie fille un peu bête, mais pleine de bon sens. Sans son café elle n'arrive jamais à rien, alors elle s'en prépare un avant d'aider Nicolas à chercher son pied.


Il était dans la douche. Les trente minutes qu'il a passé à fouiller le duplex ont finit par le mettre de franchement mauvaise humeur. Nicolas n'a pas eu le temps de prendre un café, lui, il a juste eu le temps de prendre le bus. Un bus plein de gens qui lui ressemblent, les coins de bouche tendant vers le bas, les yeux vitreux. Il n'a même pas eu le temps d'enfiler de vêtements, ça lui arrive souvent. Mais le temps c'est de l'argent, il lui suffira donc d'arriver en avance pour pouvoir s'acheter un costume flambant neuf une fois arrivé à la gare. Soudain quelque chose vient s'écraser violemment contre son crâne dans un bruit mat.
- Jeudi! s'exclame-t-il en se protégeant la tête avec les mains.
- Quel sale temps pas vrai? lui adjoint son camarade de bus avec une mine compatissante. Ca faisait longtemps qu'il n'avait pas plut des cordes par-ici. Celles-là ont même des noeuds dites-donc.
Nicolas contemple le noeud marin qui git à ses pieds en songeant qu'il devra aussi s'acheter un parapluie.


Le nez dans sa feuille, Nicolas a du mal à respirer, alors il recule un peu. Voilà, c'est bien mieux maintenant. Enfin pas vraiment. Sur la feuille il y a des chiffres et des lettres de différentes tailles, assemblées aléatoirement en cercles concentriques, qui tournent en sens inverses les uns par rapport aux autres. Il ne comprend pas ce qu'il doit faire. La seule indication lisible est le titre: "CECI EST UN TEST", écrit en caractère gras, italique souligné, et police gothique. Bien qu'il ai étudié le norvégien trois années durant, il ne comprend pas bien ce qu'il doit faire. Les gens autour de lui grattent frénétiquement des piles de feuilles de brouillon avec leurs ongles acérés. Ce sont tous des rapaces, il paraît que c'est ce que recherchent les employeurs dans son secteur. Résigné, Nicolas regarde au-dehors, à travers la large baie vitrée du bureau dans lequel il l'ont installé. Il a arrêté de pleuvoir. Les nuages ont de jolis sourires et de longs cheveux soyeux. Il fait beau.


- Bien, montrez moi votre CV jeune homme. Lui demande le RH à grosse tête. Nicolas lui pointe du doigt un bout de papier qui traine sur la table.
- Très bien jeune homme! s'exclame-t-il étonné. Vous avez un superbe sens de l'observation. Il était, en effet, sur la table! Il marque une pause, admiratif, avant de reprendre. Je vois également que vous n'avez fait aucune faute à notre test de logique.
- Je n'ai répondu à aucune question Monsieur...Répond Nicolas d'un air las.
- Oui mais au moins, vous ne chiez pas sur les sièges, et vous ne foutez pas des plumes partout comme les autres! Il part soudain dans un grand rire vaginal, aigu et hoquetant. Il rigole tellement bien qu'on dirait qu'il va s'étouffer. Nicolas, pragmatique se lève et fait le tour de la table. Il lui assène une grande gifle puis va se rassoir.
- Vous m'avez sauvé la vie! J'ai failli mourir de rire! Comment avez-vous su?
- Vous étiez bleu Monsieur...Et puis vous ne respiriez plus...
Le RH essuie du revers de la manche les quelques larmes qui glissent contre sa joue et reprend son souffle, un sourire goguenard aux lèvres.
- Vous me plaisez beaucoup jeune homme!!
- J'ai 67 ans Monsieur...
- Et bien moi j'en ai 35. Voilà, les présentations sont faites!
Le recruteur à grosse tête se lève et lui tend la main, visiblement ému. Nicolas l'imite sans trop de conviction. Ils se serrent la main.
- Vous commencez demain! A bientôt!


Sur le retour il avait plut aussi, mais des chiens et des chats cette fois, car il y avait un anglais dans le bus. Il avait raconté sa journée à Elise. La pluie, les rapaces, le RH à grosse tête...Elle avait sourit et l'avait embrassé tendrement.
- Tu as passé une dure journée...euh...
- Nicolas.
- Oui, c'est ça! Tu as passé une dure journée Nicolas. Prends un bon café et ça ira mieux.
Le café semblait régler tous les problèmes d'Elise, mais pas les siens. D'ailleurs que faisait elle à la maison toute la journée à part en boire des litres entiers?
- C'était un entretien pour quoi au fait? lui demande-t-elle soudain en amenant la cafetière à sa bouche.
- Je ne me souviens plus...Je verrai demain.

lundi 6 juillet 2009

Je mange un chien...

C'est fou cet amour que j'ai pour les titres idiots, cette propension que j'ai à tenter de créer des effets d'annonces. Une volonté farouche de forcer le décalé, de faire l'imbécile et de jouer avec les mots, les sons, juste pour le plaisir de tapoter mon clavier. Une sorte de branlette de l'égo en somme? C'est marrant, parce que si j'avais prononcé la phrase précédente à haute voix, on aurait pu croire que je tentais de masturber un jouet danois, alors qu'en fait il n'en est rien. C'est fascinant non?

Bref, ce penchant, un brin déviant, pour les associations de mots peu orthodoxes me vient de la petite enfance. C'était une belle époque. Un âge d'or pour les extravagants du langage et les rigolos rigolards. Un temps où un "bébé cadum", ou encore un "prout chat rideau" ou quelques autres expressions farfelues bien placées rendaient un quidam populaire, drôle, charmant, voir parfois puissant. C'étaient les balbutiements du langage. Les mots n'avaient pas de sens réel, mais possédaient une sorte de pouvoir magique. Il fallait trouver la combinaison lexicale parfaite, dans le bon ordre et dans les bonnes proportions pour obtenir un effet maximal. Mon style, ainsi que les fondements de mon humour proviennent de cette époque, où, chaque enfant était à la fois un poète visionnaire et un Jean-Marie Bigard en puissance.

Pourquoi je vous parle de tout ça? Parce que j'avais rudement envie d'écrire et ce depuis quelques temps. D'ailleurs, quel est le crétin qui à inventé cette expression? "Rudement"...Parfois à force de les entendre ou de les dire, les mots perdent de leur sens et deviennent d'étranges étrangers. Et je dois dire que le malaise qui en découle est une de mes grandes drogues. Redécouvrir un mot est toujours une grande joie, vous ne trouvez pas? Mais je m'écarte du sujet (y en a-t-il un au moins?). Donc, j'avais envie d'écrire, et après le visionnage cette après-midi du film 'La Bostella', je me suis dit qu'il était temps de s'y remettre. Edouard Baer est un type sympa qui m'inspire énormément et je lui dédicace ce petit article inutile, qui n'a aucun autre but que celui de m'épancher.

Et surtout un joyeux Noël!

samedi 20 juin 2009

Projet Purple Bob: Vincent

Une coupe de champagne à la main, Vincent est le prince des débuts de soirée réussis. Les gens papillonnent autour de lui, attirés par son charisme et son sens inné de la fête. Quelque soit la personne qui se présente à lui, il a toujours un bon mot. Un truc catchy qui fait rire et laisse une forte impression. Il en a un plein carnet de ces phrases toutes faites. Quand il en trouve une nouvelle, il la note. Vincent se ballade dans la galerie, arborant un air absorbé, contemplant des photos qui ne lui évoquent rien de particulier. C’est lui qui a organisé ce vernissage. A force de persévérance, d’entêtement, d’endettement, le mensonge était devenu réalité. Ses collègues à la poste de Bagneux seraient surpris s’ils le voyaient dans cette galerie du XVIe.
-" J'adore son sens des perspectives! Il revisite la profondeur pour créer des images incroyables. Et ces couleurs!..."
Le quidam qu'il à intercepté en face d'une photo racoleuse et sans âme semble être d'accord, mais il reste sans voix face à son éloquence...Un idiot! D'ailleurs il ne le connaît pas. Il ne l'a pas invité celui-là! Dans ce cas, rien ne sert de s'attarder.
-" J'ai été ravi!"
Aucun échange de noms, pas de poignée de main. Un carnet d’adresse ça se travaille. Pas la peine de ruiner son statut en donnant sa carte à quelqu’un sans importance…Il y a si peu de temps encore, c’était lui qu’on snobait. Allez, une tape sur l'épaule suffira, pas la peine de l’humilier en public. Etre condescendant c'est sa marque de fabrique. Il s'était dit qu'il devait l'être absolument pour parfaire son personnage. L'expérience lui a, à maintes reprises, prouvé qu'il avait eu raison.
Aujourd'hui c'est sa dernière représentation. L'apothéose d'une année extraordinaire. La concrétisation d'un rêve, mais également le début de la fin probablement. Aucun regret, ce soir c'est son anniversaire...Son ultime mensonge. Après les fêtes VIP, les vêtements hors de prix, les locations de palaces, la voiture de sport, c’était son troisième crédit. Ou peut-être le quatrième, il ne se souvient plus. Tout était passé dans l’organisation de cette fête. Ca sera grandiose. En attendant, il profite de son dernier vernissage et sirote sa flute de champagne en regardant dehors d'un air absent. Bientôt le surendettement, les huissiers, la rue…Et puis il y a ce type violet qui passe à poil sur son cheval. Un happening? Il y a de drôles de types à Paris tout de même.

mercredi 10 juin 2009

Le petit short blanc

Assis en terrasse, la buée perle le long de son demi pêche. Enfoncé dans son siège en osier tressé, il se demande ce qu'il fait ici, avec elle...Coïncidence? Non, elle l'a sûrement fait exprès. Il est à peine dix-neuf heures, le soleil à encore du chemin à faire avant de quitter l'horizon. Il fait chaud. Dans un troquet sans nom place Saint Michel, il regarde la vie grouiller, une main qui passe machinalement dans les longs cheveux blonds de sa voisine. Il a envie de tirer dessus de toutes ses forces. De renverser sa chaise et de rouer son jolie visage de coups poings. Elle lui sourit et amène une cigarette à sa bouche. Les volutes de fumée dansent à la surface de ses grandes lunettes de soleil. Il se dit que ce soir il vont faire l'amour et se demande comment ça va se passer. Va-t-elle l'embrasser tendrement sur le chemin du retour? Ses lèvres pulpeuses qui se posent un instant dans sa nuque, au coin de sa bouche, sur son oreille. Elle explosera sûrement dans un de ses rires tonitruants dans la rame de métro tandis qu'elle glissera discrètement une main dans son pantalon. Extravagante petite garce. Lubrique et sensuelle... Arrivé à l'appartement, elle fera mine de ne plus avoir envie de lui et s'assira sur le canapé devant la télé. Et tandis qu'il se préparera un martini dans la cuisine, elle surgira sans crier gare. A genoux, elle le rendra fou avec ses lèvres, avec sa langue.

Il sirote à nouveau sa bière sucrée en regardant les jolies filles à travers ses lunettes. Peut-être qu'il réussira à trouver mieux. A lui échapper. Elle glisse sa main contre sa cuisse et constate son érection. Elle part dans un de ces éclats de rire, graves et explosifs, qui l'énervent tant. Il la déteste car il est faible...Elle le tue à petit feu, lui vole toute sa sève. Il n'est plus lui même, il est son jouet, son esclave. Elle a volé son âme. Tout ça à cause de ce petit short blanc.

Il y a quelques mois, il était exactement au même endroit. Avec une fille différente...La femme de sa vie. Une grande brune, à la peau diaphane. Douce et intelligente. Celle qui devait un jour être la mère de ses enfants. Même si ces mots n'avaient jamais été prononcés, il les avait bel et bien pensé un jour au cours des deux années qu'avaient duré leur relation. Et voilà ce short blanc qui traverse sous ses yeux. Sulfureux petit bout de femme. Blonde flamboyante aux lèvres sensuelles, envoutante. Elle danse sur ses talons et s'accapare l'espace. Tout n'est soudain plus là que pour la faire briller. Les hommes se retournent, les femmes grincent des dents et la traitent de pute. Des hanches pleines qui dansent en rythme, des fesses fermes qui tendent ce short indécent. Une cambrure qui fait battre son coeur très fort. Il tremble. Il n'aurait jamais cru qu'une fille puisse un jour lui faire cet effet. Ces seins qui tendent son T-shirt échancré en un décolleté vertigineux. Elle n'a pas de soutien gorge, et il peut voir ses seins rebondir à chacun de ses pas. Galbés, parfaits. Son sang se met à bouillir. Il perd la raison. Il ne parvient plus à penser. Il a envie de la toucher. Enlever ses vêtements et parcourir son corps de ses mains. La pénétrer...Soudain il n'arrive plus à penser, il ne peut plus la lâcher des yeux. Il la veut. Il n'a jamais connu un désir aussi puissant de toute sa vie...

Il s'était levé, sans un regard pour sa compagne, pour aller la rejoindre. A sa hauteur, il l'avait attrapé par le bras. Elle s'était retourné et il l'avait embrassé. Elle s'était laissé faire en rigolant. Ce rire, qui aujourd'hui lui donne la nausée, mais qui alors, l'avait tellement excité qu'il en avait oublié la femme assise à la terrasse qui pleurait de rage. Maintenant il était coincé avec cette petite femme blonde, avec ce rire. Le diable en petit short blanc.

jeudi 28 mai 2009

Apologie des gens bourrés

Il m'est apparu quelque chose d'extraordinaire il y a quelques jours. Deux doigts dans la gorge, je peinais à clore ma biture mensuelle comme il se devait. J'abandonnais cette tâche peu ragoutante et décidais de m'en remettre à mère nature. Titubant tant bien que mal jusqu'à mon lit, la lumière m'apparut soudain...En double et très floue. Et tandis que ma compagne m'exhortait à migrer vers le canapé du bas, je me promettais secrètement, à haute voix, d'écrire l'apologie des gens saouls.

Pourquoi une apologie? Parce que c'est toujours un texte assez exaltant à écrire, plein de passion et d'expressions verbeuses. Des choses qui siéent plutôt bien à une personne régulièrement atteint de diarrhée verbale comme moi. C'est d'ailleurs un aspect de ma personnalité que peu de personnes connaissent et que je réserve à l'intimité d'une conversation en tête à tête ou bien à la chaleur étroite des petits bars à 3 heures du matin. La liaison est toute faite et à ce propos je peux en revenir aux évènements de cette fameuse soirée.

Certaines personnes sont comme des fleurs qui s'épanouissent et s'ouvrent lorsqu'on les arrose correctement. Moi et mon ami S. sommes ce genre d'individus plutôt réservés d'ordinaire, sympathiques au demeurant, qui deviennent rayonnants, affables, superbes, lorsque proprement arrosés par la bonne quantité d'alcool.
Ainsi la première heure passe et quelques anges l'accompagnent tandis que nous sirotons nos bières belges, échangeant quelques mots au lance-pierre. La 2e pinte c'est le déclic, le feu aux poudres. Le verre est à moitié vide, car je suis un grand optimiste, et le nectar créé par les moines trapistes flamands allergiques à l'eau commence à faire son petit effet.
- Dis donc, elle est forte la Maredsous...
- Ouais! me répond S. dans une envolée lyrique sans précédent.
Le rouge me monte aux joues et chaque gorgée me rapproche un peu plus de l'ivresse. C'est le moment de la soirée où les souvenirs deviennent flous. Nous changeons d'endroit. Un demi et un mètre de shooters plus tard, je suis le roi du monde.

On ne se souvient jamais clairement du moment où les choses basculent, mais à un moment je chante à tue-tête Thunderstruck de AC/DC, le pied sur un tabouret du bar. Je suis heureux et tout me ravit. J'ai soudain un avis tranché sur toutes sortes de sujets dont je n'avais moi même pas idée. Je discute à coeur ouvert de l'évolution musicale du métal avec un quinquagénaire bedonnant et moustachu. Le barman me raconte sa vie et je lui explique sans complexe pourquoi la séparation de ses parents l'a poussé à exercer ce métier. Mon pote me demande mon avis sur cette fille qui vient de lui mettre une main aux fesses. Je suis multi-tâche, omnipotent, et omniscient. Je parle à tout le monde et tout le monde me parle. J'ai une solution à tout car je suis l'alpha et l'oméga. Je suis Dieu, et le moustachu m'offre un shooter en offrande pour que je rende sa vie meilleure. Je ne fais plus qu'un avec les poivrots de tout l'univers. La clope au bec, je titube, et tout me semble génial, frais, nouveau, double, flou, mouvant...magique! Je m'incruste dans une conversation en terrasse, ils ont besoin de mon aide. Un homme élégant me tient la pige. Nous discutons de la quête de l'absolu féminin, de la beauté du monde, de la société, des femmes encore...Nous sommes brillants et nos idées révolutionneront un jour ce monde pourri. Les gens qui nous regardent débattre à grand renfort de gestes maladroits et de décibels sourient et se moquent. Tout à l'heure, c'est moi qui me moquais. Je suis passé de l'autre côté du miroir. Ce sont eux qui n'ont rien compris. Les ivrognes sont comme des aimants, ils attirent à eux leurs semblables avec une étonnante efficacité. Je suis désormais le président des poivrots. Et les conversations deviennent mythiques. Mais la magie n'opère jamais longtemps, et tandis que les verres se vident, le groupe s'effrite. La communion des poivrots est éphémère. Le teint pâle et l'haleine chargée, chacun rentre chez lui. Traînant les pieds à l'intérieur du bar je retrouve S. qui m'attend avec le demi qui me coûtera la vie. La bière, n'à plus le même goût. C'est un calvaire de la finir. J'ai envie de vomir...Le bar ferme et je me retrouve seul dans la rue, hagard et nauséeux, titubant vers un nouveu lendemain en parlant tout seul. C'est jurée, demain j'arrête de boire!

vendredi 22 mai 2009

Dur, dur la vie...

Comme tous les jours de la semaine, Adrien dit bonjour au clodo du coin de la rue avant de rentrer dans la boulangerie. Il en ressort 2 minutes plus tard une baguette sous le bras, ce qui, assorti avec son costume noir à fine rayure blanche, est du plus bel effet. Le pied leste et la malette à la main il entreprend de rentrer chez lui savourer cette délicieuse miche de pain chaude. Mais au passage piéton, la tête de la petite vieille qui s'apprêtait à traverser à côté de lui explose dans un bruit tonitruand. "Pas cool" est la première pensée qui traverse Adrien, car c'est un idiot et il va mourir. Pendant 5 secondes, le temps semble se figer. La tête des gens n'explose pas spontanément à priori. "Pas cool" c'est un peu léger...Elle rigolait toujours à ses sales blagues chez la boulangère cette petite vieille. Et maintenant elle n'a plus de tête...
Une seconde détonation le tire de sa rêverie. La balle s'est logé dans son coeur. La baguette lui échappe des mains. Devant lui, un quelconque agent secret au service de sa majesté s'est lancé dans une folle course poursuite. Les balles ne le touchent pas lui. Elles semblent même l'éviter. Il n'a pas peur, il sourit même...Se jouant du danger. Quel connard. Ce sont ses dernières pensées avant de s'affaler face contre terre. Mort. Parce que le scénariste à trouvé que ça ferai bien dans cette scène.

jeudi 14 mai 2009

Projet Purple Bob: Héloïse (1)

 La suite de mon projet Purple Bob. Enfin un extrait.


La voiture s'arrête à son tour et vient rejoindre le flot des vacanciers. Il fait chaud, l'air est lourd. Bloqué sur l'autoroute si près de la mer. On entend les mouettes, on sent presque les embruns. Les gens tirent la langue, ils étouffent, ils s'agitent, ils klaxonnent. Héloïse regarde au loin d'un air distrait. Une main sur le volant, le visage dans l'encadrure de la fenêtre. Marc est à la place du mort et observe une petite fille qui fait ses besoins sur le bord de la route. Pierre, derrière écoute la radio, tapotant du pied en rythme. La petite fille, exulte et danse dans la brise tiède, vêtue de ses seules baskets roses et blanches. Elle suit la voiture de ses parents qui roule au ralenti, les cheveux hirsutes, la peau étincelant au Soleil. Tous les trois, il ne la quittent plus des yeux. Ils sourient de son innocence, de sa fraîcheur revigorante. Héloïse en profite pour glisser un rapide baiser sur la joue de Marc. A nouveau concentrée sur la route, elle sent sa main qui remonte le long de sa cuisse. La peau est moite. Il fait trop chaud dans cette voiture. C'est la petite fille qui a raison et Marc tente de le faire comprendre à sa compagne en faisant sauter le bouton de son petit short blanc. Elle ne cille pas lorsqu'il descend la braguette, et l'aide même un peu à l'enlever en se tortillant sans quitter les yeux de la route. L'air de rien. Pierre à l'arrière les regarde faire avec un sourire espiègle. Il se rapproche lui aussi, dégage les cheveux chataîns du revers de la main et entreprend d'essuyer du bout de la langue les perles salées de transpiration dans le cou d'Héloïse. Elle ne peut plus faire mine de rien. La voiture est à nouveau à l'arrêt. La langue glisse sur la nuque et deux mains brûlantes caressent ses seins moites sous son T-shirt. Marc glisse un doigt dans son sexe humide. Elle laisse échapper un soupir vibrant. Ils l'embrassent tous les deux sans cesser leurs caresses. Elle ferme les yeux, ondule, se cambre, frissonne. Des décharges parcourent leurs trois corps tendus par l'excitation. Un coup de klaxon appuyé derrière eux les sort soudain de leur transe. La voiture devant est déjà très loin. Tout le monde regagne sa place en rigolant, encore fiévreux. Ils la regardent tenter de se concentrer à nouveau sur la route, un sein à l'air, le short sur les mollets, et échangent des regards amusés. Un ange et deux amis inséparables sur la route pour échapper à la fin du monde. Comment en était on arrivé là? Tout ça à cause d'un type violet qui vole à poil sur un cheval.

(N'hésitez pas à lâcher des commentaires aussi bien positifs que négatifs, constructifs ou pas...Ca reste vrai pour tous mes billets ^__^)

mercredi 13 mai 2009

L'art de tricher ou le guide des relations fausses...et intéressées

Je ne me souviens plus qui à dit un jour, et à juste titre d’ailleurs : « l’homme est un animal social». Il me semble que c’est Platon, ou bien un autre type louche en toge. Bref, l’important n’est pas là. L’essentiel, c’est le message délivré par ce gimmick digne d’une publicité pour Omo machine. Dès l’instant où tu, oui, toi lecteur abasourdi, as foulé le sol pour la première fois, tu es devenu un animal social. Ca t’en bouche un coin ! Et oui, à cet instant précis tu es devenu partie intégrante de notre société moderne. A partir de cet instant précis, toute ta vie sera régie par ta façon d’interagir avec les autres de ton espèce. Et, oui, c’est dur de se dire que l’on va passer le restant de sa vie entouré de... gens ! C’est pour ça que les bébés pleurent d’ailleurs. Ca aussi ça vous en bouche un coin !

Détrompez-vous, loin d’être le misanthrope que vous vous imaginez, je suis un philateliste convaincu : les timbres c’est ma vie ! En fait, ce qui me gêne chez les hommes (et les femmes d’ailleurs. Ne vous inquiétez pas, il y en aura pour tout le monde), c’est quand il y en a plus de 1 à la fois. Bah oui, prenez un bonhomme et vous le mettez tout seul dans une pièce. Il ne ment pas, il ne profite de personne, il ne tue pas : il est ! Et c’est largement suffisant. Il est un homme seul dans une pièce, point final. Maintenant prenez un bonhomme tout seul dans une pièce, et faites rentrer un autre bonhomme. Si vous attendez assez longtemps, ils vont commencer à se parler :
- Salut.
- Salut.
Désormais nous avons deux hommes dans une pièce qui se parlent ! Vous ne voyez toujours pas où je veux en venir. Attendons encore un peu alors.
- Moi c’est John.
- Moi c’est Thierry. Enchanté.
- Enchanté Thierry.
Enchanté ?! Est-ce que Thierry est réellement enchanté de rencontrer John dans cette pièce. Et qu’est-ce que John en a à branler de Thierry. Avant il était un homme dans une pièce et désormais c’est John et en plus il est enchanté ! Là j’espère que vous commencez à comprendre ce que j’essaye de vous raconter depuis tout à l’heure. Sinon, je veux bien attendre encore un jour ou deux jour sans leur filer à manger pour voir s’ils sont toujours aussi enchantés. L’homme est un animal social et malheureusement c’est une maladie contagieuse comme vous venez de le voir. Sous prétexte que nous sommes doués de la parole, nous nous sentons obligé d’en faire profiter le plus de monde possible : regardez, je parle ! Ca fait plaisir quand votre fille de 8 mois prononce pour la première fois un « Papa » entre deux hoquets baveux, mais est-ce que ça vous fait encore plaisir quand votre voisine de 57 ans vous raconte que son ex-mari était un horrible amant pour la 3e fois ?

Mais je m’égare. Bien, nos deux super potes John et Thierry viennent de se parler pour la première fois de leur vie, et ils sont déjà enchantés : que c’est ravissant. Ce qui me fait le plus rire dans cette situation, ce n’est pas que l’homme soit un animal social, mais qu’il soit plutôt un animal poli. J’aimerai bien que tu me dises Thierry pourquoi, bon sang, tu as dit être « enchanté » quand tu es rentré dans cette pièce.
- Bah...Je sais pas. Comme ça. L’habitude.
- Ah ah ! On y vient. Maintenant, dis-moi Thierry. Est-ce que tu penses revoir un jour John ?
- Non, je ne crois pas...Le monde est petit. On ne sait jamais.
- Et imaginons que tu sois amené à vous recroiser dans la rue, que lui dirais-tu ?
- Je lui dirai bonjour je pense.
- C’est tout ?
- Oui, je ne le connais pas plus que ça après tout.
- Bien...Désormais imaginons que ce soit ton nouveau chef. Vous vous revoyez pour la première fois. Qu’est-ce que tu lui dis cette fois ?
- « John ça alors ! Quelle coïncidence. Bonjour comment allez-vous depuis la dernière fois ? » Un truc dans ce style...
- Je pense que tout ça répond à ma première question...
Si je devais simplifier la complexité de la relation qui s’est installé entre John et Thierry lors de leur palpitant entretien, je le ferai ainsi :
- John, veux tu interagir avec moi, Thierry, dans l’espoir que nous puissions tirer un jour un quelconque profit du lien futile que nous venons de créer ?
- Oui je le veux !

Alors à quoi ça sert la politesse ? Et bien à ça ! Toutes ces grimaces que nous faisons à longueur de journée plus ou moins consciemment ; elles ont un but. Ce but c’est notre bénéfice personnel.
Mais la politesse ne sert pas qu’à ça. Il y a un deuxième effet kiss-cool, et pas des moindres. Grâce à ces grimaces permanentes, on a l’impression que tout le monde est content d’être avec tout le monde. Ce qui est bien, mais pas top quand on y songe. Car cet état de fait masque l’horrible vérité qui est la suivante : il y a forcément des gens qui ne t’aiment pas, oui toi derrière l'écran. En fait ça ne masque rien du tout, c’est un secret de polichinelle et c’est ça le plus moche. Tu sais que bidule peut pas te saquer, mais tu lui fait un grand sourire quand tu le croises. Et le pire c’est qu’il te rend ton sourire au centuple ! Mais vous pouvez pas vous voir...Et vous le savez pertinemment. Ca, ça me tue !
Donc, pour résumer la situation simplement : je hais l’homme social car il est égoïste et hypocrite. Un peu comme moi....

mardi 12 mai 2009

La page blanche...

Seul devant son pc. La lumière blanche allume son visage fatigué, faisant voler sa tête dans le noir. Une fenêtre Blogger le dévisage, le nargue en faisant clignoter nerveusement le curseur sur la page blanche. "Créer un article". Ca fait une demi heure qu'il le regarde clignoter ce curseur de merde.

Il s'était dit qu'avec son talent, son blog serait très vite remarqué et qu'un buzz incroyable secouerait l'internet multimédia 2.0. On lui proposerai des contrats avec des maisons d'éditions et il deviendrait célèbre. Il y aurait plein de fête avec de la cocaïne, des filles en bikini, et du champagne, comme à la télévision. Et ce serait bien...

Ca fait une semaine qu'il sèche devant cette putain de fenêtre, avec ce putain de curseur qui clignote dans une putain de page vide...Vide!! Il a essayé pourtant. Tous les jours il essaye...Il jette quelques mots dans l'espoir qu'ils feront mouche, qu'ils déclencheront la machine. Des jeux de mots débiles, des antinomies, antanaclases, et autres figures de style qu'il affectionne mais dont il ne connaitra jamais le nom. Mais rien ne prend. Ce n'est pas bon. Ca n'a pas aucune âme. Pas étonnant: quand on se met deux doigts dans la gorge, il faut s'attendre au résultat.

C'est dur de tenir le rythme des fois. La page est désespérément vide. Comme lui. Ses courbes Google Analytics qui font la gueule. C'est tout un monde qui s'écroule. Son rêve blogosphère 2.0... Ce soir, c'est la dernière fois qu'il se force. Tant d'efforts.Et pour quoi? Il se bat pour se prouver qu'il existe, qu'il a quelque chose que les autres n'ont pas, qu'il est unique et différent...Pour être reconnu. Mais qu'est-ce qu'ils en ont à branler les gens, eux?...

Il craque ses doigts et les place sur le clavier. Tout d'abord, il faut choisir un titre. Le premier pas, les premiers mots...Il sourit en pensant à l'ironie de la situation à mesure que s'enfoncent les touches: "La page blanche..." Un titre adéquat. C'est un peu aussi pour lui qu'il écrit, après tout.

dimanche 3 mai 2009

Un jour votre voisin vous tuera...Et vous adorerez ça! (FIN)

A l’intention de Joëlle Moche
22 rue Saint-Abri
92220 Bagneux


Bonjour,


Si vous parvenez à lire ces lignes Mlle Moche, c’est que je suis un très mauvais assassin. Il faut dire que je ne suis pas doué pour grand-chose, à part bien sûr ne rien faire, et être con. Mais cela je vous l’avais déjà expliqué dans ma première lettre.

La jaune est près du pc et la noire est près de la table. Je vous parle de mes chaises bien entendu. J’ai finalement réussi à les différencier. Et puis la police est arrivée. Et ils ont tout mélangé. Du coup, de mon lit j’arrivai à voir ma troisième chaise, mais celle là, je ne parviens toujours pas à me souvenir de quelle couleur elle était. Soit jaune, soit noire, ça c’est une chose certaine.

Désormais je ne suis plus seul. J’ai un compagnon de cellule formidable. Nous échangeons nos nouvelles et participons à des lectures et des concours de poésie. Son écriture est légère et pleine de lyrisme. Nous discutons mobilier et excrément également. Malgré l’excellente compagnie qu’il m’a été donné de rencontrer ici, j’en viens tout de même à regretter mes chaises. Heureusement, je peux lire et ne rien faire à loisir dans ma nouvelle résidence.

Notre rencontre fut brève, mais d’une intensité remarquable. Vous m’aviez ouvert la porte, superbe. Je vous avais offert des tulipes rouges en vous disant que vous étiez aussi belle que je me l’étais imaginé. Vous aviez alors enfourné deux fleurs dans votre bouche. Les lèvres débordantes de pétales, vous m’aviez sourit. Je vous avais donc explosé la tête d’une balle de Colt à bout portant. Je vous serai gré de pardonner mon empressement à ce moment précis. Mais vous sembliez si heureuse que j’ai voulu vous laisser partir sur cette dernière impression.

Mlle Moche, laissez moi vous dire que vous aviez un goût excellent. Je me suis permis de faire le tour du propriétaire une fois ma lubie pleinement accomplie. Le vin que j’ai trouvé sur votre table est sans doute le meilleur vin que j’ai jamais goûté de ma vie. Un château Margaux si je me souviens bien. Une excellente année de surcroît. Il est dommage que vous n’ayez pas pu profiter un peu plus longtemps de cette vie hypocrite et confortable. Mais que voulez-vous, je n’aime pas faire les choses à moitié, surtout une fois que j’ai décidé de faire quelque chose (ce qui est assez rare).

Bref, je tenais à vous remercier de m’avoir permis de vous tuer, et aussi pour le verre de vin. Vous pouvez donc reposer en paix. Pour ma part, je m’en retourne à mes lectures.

Bien à vous, M. Leblanc, votre assassin.

samedi 2 mai 2009

Un jour votre voisin vous tuera...Et vous adorerez ça! (4)

A l’intention d’Adrien Leblanc
25 rue Saint-Abri
92220 Bagneux


Bonjour,


Je ne connaissais pas la teneur exacte de votre mobilier, mais désormais j’en ai une idée plus précise. Je vous remercie encore pour cette dernière lettre. Je tenais d’ailleurs à vous dire que je vous avais aperçut en rentrant chez moi hier soir sur les coups d’une heure du matin. Vous faisiez du roller en robe de chambre dans notre rue. Je ne vous ai pas fait signe, de crainte de vous déranger. Vous avez l’air d’être un homme fort intéressant. En d’autres circonstances, je vous aurai invité à prendre le thé afin de partager notre goût commun pour la décoration. Mais dernièrement, je suis particulièrement accaparé par mon travail.

M. Leblanc, avez-vous déjà vu cette affiche dans la rue ? Celle avec un petit teckel au poil roux qui mange son caca en souriant. Il y a une inscription en grandes lettres blanches : « Mangez bio !Mais pas n’importe quoi… ». Plus bas on peut voir un pack de yaourts Oga auréolé de lumière blanche.
J’aime beaucoup cette publicité, elle est de moi. Oui, j’ai couché avec un stagiaire, je lui ai volé l’idée, et ensuite je l’ai licencié : donc elle est de moi. Tout le staff a applaudi pendant ma présentation. Le client était aux anges. Il m’a invitée à dîner le soir même pour que l’on couche ensemble. J’ai accepté car cela fait partie de mon travail.
J’aime beaucoup cette publicité, car l’idée est de moi. Les gens admirent mon travail, ainsi que mon visage, mes fesses et ma poitrine.

Selon vous, combien de personnes peut-on licencier d’un coup ? Je crois que je vais essayer de m’en rendre compte par moi-même demain.
J’espère que vous n’avez pas oublié que vous deviez m’assassiner ? Ne m’en veuillez pas, mais je suis très stricte sur les horaires et les rendez-vous. Pourtant dans mon travail, les gens arrivent à n’importe quelle heure de la journée pour faire acte de présence et justifier leur paye astronomique de créatif dans le vent. Mon emploi du temps est surchargé, et je ne saurai dégager d’autre jour pour notre petite affaire. J’attends de vous, beaucoup plus que de ces crétins. Je vous invite donc à me rendre visite à 21H30 Dimanche prochain. En espérant que cet horaire vous conviendra, je dois désormais vous laisser. J’ai en effet des affaires urgentes à régler.

A dimanche M. Leblanc, en attendant, portez-vous bien.

vendredi 1 mai 2009

Un jour votre voisin vous tuera...Et vous adorerez ça! (3)

A l’intention de Joëlle Moche
22 rue Saint-Abri
92220 Bagneux


Bonjour,


Tout d’abord, je vous prie d’excuser, mademoiselle, ma maladresse concernant votre prénom. Ne sortant que rarement de mon appartement, et à des horaires assez aléatoires, il ne m’a jamais été donné de vous rencontrer en personne. Je profiterai donc de notre prochaine rencontre pour vous admirer à loisir.
Le saviez vous Mlle Moche? Il y a deux chaises chez moi. Enfin non, il y en a quatre. Deux jaunes et deux noires. La nuit, on fait mal la différence. Hier soir, je regardais mes deux chaises, car je n’en avais que deux dans mon champ de vision. Il y en avait une jaune, et il y en avait une noire, mais je n’arrivai pas à dire laquelle était noire ou bien laquelle était jaune. Pourtant, cela faisait bien une heure que je les regardais. Mes yeux avaient finis par s’habituer à l’obscurité. Comme je n’arrivais pas à attribuer les couleurs respectives de mes deux chaises, parmi les quatre, alors j’ai regardé ailleurs. Assis sur mon lit, j’ai donc commencé l’étude de mon appartement.
Dans mon appartement, il y a une bibliothèque gris foncé Ikea sur laquelle repose de nombreux et éclectiques ouvrages.
Dans mon appartement, il y a un bureau écru Ikea sur lequel repose l’écran Phillips 14 pouces de mon ordinateur.
Dans mon appartement, il y a une table qui a autrefois appartenu à ma sœur. Sur cette table repose une assiette sale des restes de mon repas. Ce soir j’ai mangé une boîte de maquereau à la moutarde avec une baguette de pain que j’ai acheté au Spaar à deux pas de chez moi.
Dans mon appartement, il y a une lampe a pied Ikea, qui, bien qu’elle soit éteinte impose élégamment sa silhouette malgré l’obscurité.
Dans mon appartement, il y a un frigo. A l’intérieur, il y a du gruyère râpé, du gouda entamé, des saucisses, et du Schwepps agrume. Mon frigo ronronne de temps en temps. Et mon ordinateur aussi, car il n’est jamais éteint.
Dans mon appartement, il y a deux chaises Ikea. Enfin non, il y en a quatre. Deux jaunes et deux noires. Mais de mon lit, je n’en voit que deux.

Mlle Moche, je suis seul et j’en crève. Alors je vais vous tuer.
Amicalement, M. Leblanc, votre assassin.

mercredi 29 avril 2009

Un jour votre voisin vous tuera...Et vous adorerez ça! (2)

A l’intention d’Adrien Leblanc
25 rue Saint-Abri
92220 Bagneux


Cher Monsieur Leblanc,


Votre lettre m’a particulièrement touché, et je dois vous avouer que je loue le ciel que le sort m’ait désignée à vous. Vous semblez être un homme particulièrement équilibré, sain dans ses lectures, et d’une morale personnelle très stricte. Je ne savais pas que notre voisinage possédait des hommes d’une trempe telle que la votre. J’accepte donc avec une joie certaine votre émouvante déclaration d’homicide. Mais laissez moi vous parler un peu de moi à présent.

Je suis belle. Je suis aussi belle que vous êtes paresseux. Il est dommage que votre choix se soit porté sur moi. Je suppose que vous avez ouvert le botin et cherché un nom au hasard. Joël Moche, est un nom qui sonne plutôt bien vous ne trouvez pas ? C’est sûrement un nom qui a dû vous décider et vous conforter dans votre décision de mettre fin à une vie. Avec un nom pareil, vous êtes vous dit, on ne mérite que de mourir. Le fait que je sois un homme au patronyme si laid a du vous émouvoir, vous désirez me soulager de toute ma misère de Joël Moche. Hélas…C’est une erreur de frappe qu’il faut remercier, et non pas le ciel. Car c’est un vieux pigiste aux yeux fatigués qui vous a guidé vers moi en oubliant deux lettres de mon prénom. Je vous sens fébrile. Et oui, mon nom est Joëlle Moche. Vous redouteriez de tuer une femme ? Ne vous arrêtez pas à un si petit détail. Le fait que je possède 2 chromosomes X ne devrait pas ébranler votre implacable détermination. Si vous avez décidé de me tuer par envie, moi j’ai envie d’être tué. Vous êtes donc fort bien tombé Monsieur Leblanc. Mais oublions cette affaire pour le moment, je désirerai vous donner un peu plus de détail sur ma vie.

Je suis donc incroyablement belle. La vie a un sens de l’humour très particulier. Quand deux êtres aussi laids qu’imbéciles s’unissent et donnent naissance à un poupon exquis et éveillé, c’est que le destin réserve quelque chose de particulier à cet enfant.

J’ai donc passé mon enfance à pousser toujours plus belle et fraîche. Au grand damne de mes parents qui rapetissaient et s’enlaidissaient aux fil des ans. Quand on est un Moche, on a une enfance difficile qui nous forge le caractère me racontai mon père avant que je ne rentre à l’école primaire. Oui, c’est vrai, j’ai eu une enfance particulière. Dans la salle de classe, au premier appel, on m’attendait laide et renfrognée. Mais les rires se turent soudain, quand une main blanche, une présence vaporeuse, une enfant délicieuse, une voix douce et sucrée s’éleva : « Présente ! ». En un mot prononcé, ma venue sur cette Terre avait pris un sens. Les garçons, les filles, les hommes, les femmes. Tous me regardaient comme si j’avais été une apparition. Oui, j’étais présente. Ma seule présence suffisait à justifier mon existence à leurs yeux. Moche devînt soudain le plus beau des noms. Les belles femmes ont un énorme pouvoir sur leur entourage. J’ai pris conscience ce jour là, que j’aurai une emprise sur les gens de mon espèce que personne ne possèderai jamais plus, une fois mon séjour sur cette planète terminé.

Non seulement, j’étais incroyablement belle, mais en plus j’étais doué. Je pouvais donc devenir ce que je souhaitais. Il se trouva que je désirai devenir encore plus influente que je ne l’étais déjà. Je choisis donc de devenir directrice de création en agence de pub. De ce poste, je décide actuellement de ce que les gens voudront acheter demain. Je suis omniprésente, dans les magazines, dans les journaux, à la télévision, dans la rue, dans le métro, dans votre cuisine. Personne ne peut échapper à mon pouvoir. Je suis de plus incroyablement riche. Si l’envie m’en prenait je pourrais acheter n’importe quelle hôtel particulier parisien, pour en faire une résidence secondaire. Il me semble qu’à présent vous avez encore plus envie de me tuer. J’en serai ravie.

Je crois que désormais, je peux vous laisser vous concentrer sur la tache qui vous incombe. Désolé, ce n’est pas une tache, mais une envie. Allez donc jusqu’au bout de votre envie Monsieur Leblanc. Je ne saurai vous retenir. Je dois désormais retourner dominer le monde, et je m’excuse de ne pas pouvoir plus m’attarder dans cette missive.

Au plaisir de notre future rencontre, veuillez agréer, Monsieur Leblanc, mes salutations les plus distinguées.

Joëlle Moche, votre dévouée victime.

mardi 28 avril 2009

Un jour votre voisin vous tuera...Et vous adorerez ça! (1)

A l’intention de Joël Moche.
22 rue Saint-Abri
92220 Bagneux


Bonjour, je suis con.


Enchanté de faire votre connaissance. Vous êtes très jolie, vous savez ?
Qu’est-ce que je fais dans la vie ? Je suis con. C’est ma profession. Ce n’est pas un travail pour vous ? Figurez-vous que ça me demande énormément de temps et d’effort pour rester au top de ma profession. Ce n’est pas donné à tout le monde d’être aussi insouciant et imbécile que moi.
Si j’en suis fier ? Oui, assez. Je crois deviner que ma profession ne vous plaît pas. Vous devez me prendre pour un con, et j’en serai flatté. C’est mon boulot après tout. Revenez mademoiselle, la soirée ne fait que commencer.

Quarante trois. C’est le nombre de gouttes de buée qui perlent le long de ma pinte. Elle doit avoir un goût dégueulasse maintenant…J’aurai du la boire au lieux de compter l’inutile. Mais que voulez-vous, à force de suivre mes envies immédiates je me retrouve souvent à faire des choses inutiles. Perdre mon temps est mon passe-temps favori. Je dirai même que c’est mon style de vie. Les gens qui me connaissent ne font plus attention. C’est dommage, je suis assez incroyable comme mec pourtant. J’aimerai qu’on remarque à quel point je suis différent, mais c’est peut-être parce que nous faisons parti d’une génération d’êtres blasés par la vie. Plus rien ne nous étonne. C’est tellement frustrant d’avoir la certitude que plus rien ne peut nous surprendre, alors on devient aigri et cynique.
Heureusement que j’ai des passions dans la vie. J’aime chier ! J’adore ça. Je passe le plus clair de mon temps le cul posé sur une cuvette. J’aime aussi manger. Une passion bien utile quand on aime chier autant que moi. Ensuite…Et bien c’est à peu près tout. Je sais être plus intéressant que ça d’habitude. Je ne suis pas très en forme en ce moment. J’essayerai de faire mieux la prochaine fois.

Un inconnu vous offre une fleur dans la rue, que faites-vous ? La fille de mes rêves répondra à tous les coups : « Je la mange ! ». Un jour où je ne serai pas occupé à ne rien faire, j’irai offrir des fleurs à des inconnues dans la rue, pour trouver ma future femme. Un être avec qui je pourrai partager des expériences absurdes et dénuées d’utilité. Une vie d’oisiveté nourrie par l’étrange et la paresse dynamique. Oui, dynamique ! Car j’ai beau être flemmard et oisif, je le suis en mouvement. Oui monsieur ! Je vous apprends quelque chose apparemment : on peut glander activement. Saviez-vous que l’on pouvait jouer à la console 12 heures d’affilé sans se rendre compte que l’on est nu comme un ver et que la porte de son appartement est grande ouverte ?

J’aime les femmes. Mais j’aime la flemme. Ce n’est pas très compatible. Pour trouver une compagne, il faut avoir un minimum de combativité. Ce dont je suis totalement exempt. Comment je fais alors pour me dégoter une copine ? Bah, étrangement, je ne fais rien. Ca prend du temps mais ça marche. Je passe mon temps à ne rien tenter. En effet, je suis bien trop maladroit pour réussir quelque chose que je désire volontairement. Je me laisse donc porter par le courant des choses. Une fille me plaît. Je discute avec elle avec l’intention de devenir son ami. Trois mois plus tard je sors avec elle…Ou bien une autre fille m’aura sauté dessus avant ça. Il ne faut pas être pressé, mais ça marche. Ce n’est ni de la désinvolture ni de la pédenterie : c’est de la paresse. Et puis de toute façon, si un jour je me réveillais avec l’irrésistible envie de déborder d’énergie et de bon vouloir, vous pouvez être sûr que ce serait une journée remplie de déceptions.

Bien, maintenant que mon portrait est tracé dans ses grandes lignes, nous pouvons commencer à rentrer dans le vif du sujet : Mon nom est Adrien Leblanc, et dans dix jours je vais vous tuer.

Pourquoi dix jours ? Et bien, parce que ça sonne bien…Et puis d’ici là j’aurai peut-être oublié ce que je viens de décider. Dix est un nombre qui sonne bien. Ca fait penser aux 10 doigts de la main, ou bien aux 10 orteils, ou bien aux 10 balles qui cribleront prochainement votre corps. Et puis en 10 jours, vous aurez pleinement le temps de dire au revoir à vos proches, et de régler vos affaires en cours. Prenez donc le temps de sentir le parfum des roses, avant de les manger par la racine.
Je suis désolé que le sort vous ait désigné. Mais il faut savoir accepter le destin. En tant que procrastinateur professionnel, la fatalité fait parti des choses auxquelles je crois. Oui, j’ai certaines convictions. Le fait d’être une éponge ne m’empêche nullement de penser et de croire à certaines choses. Figurez-vous que je suis très cultivé. Quand je décide de ne pas faire les choses que je dois faire, et bien je lis la plupart du temps. Je lis tout ce qui me passe sous la main. Je lis Tolstoï, je lis Beigbeder, je lis Bukowski je lis Kant, je lis Hugo, je lis Platon, je lis Duras, je lis Louisa May Alcott, je lis Pratchet, je lis Notomb, je lis J.K Rowling…J’aime lire, peut-être autant que j’aime chier.
Ma bêtise est de suivre mes envies. Aujourd’hui j’ai eu envie de vous tuer, et j’en suis désolé. Mais ma ligne de conduite a toujours été de suivre mon instinct. Je me dois donc d’aller jusqu’au bout de cette envie soudaine. Soyez assuré que je m’appliquerai à la tache du mieux que je le pourrai. Je n’ai encore, en effet, jamais tué personne. Vous serez donc une grande première. Mais si je pêche par l’inexpérience, je me rattraperai par le zèle.
Bien, maintenant que les choses sont dites, je peux retourner à mes activités habituelles…

Bien à vous, Adrien Leblanc, votre assassin.

vendredi 24 avril 2009

Auto-portrait Biélorusse

Parce que j'ai jamais compris pourquoi ça s'appelait un portrait chinois, j'ai décidé de rebaptiser ça comme ça. Donc je vais essayer de vous faire comprendre qui je suis en vous parlant succinctement de ces oeuvres qui ont fait de moi et de ma plume ce que nous sommes à l'heure actuelle.

En attendant Godot - Samuel Beckett

J'ai 17 ans et je n'ai jamais vraiment aimé lire. Et puis voilà qu'on me fout cette bombe dans les pattes car elle est au programme. Gloire à l'Education Nationale! Stupéfait, je découvre que bien avant moi, des gens ont cultivé et élevé en art le sens de l'absurde qui m'a toujours été si cher. Luttant contre une littérature et un théâtre figé dans des conventions surannées avec pour seule arme un enchevêtrement de mots, de situations, de dialogues complètement absurdes.
Bref, mon premier déclic.

Frédéric Beigbeder - 99F

Je le découvre tardivement avec 99F, alors que les rumeurs et les critiques se sont étouffées. Je lis ce livre avec un sourire aux lèvres en me demandant ce que ce connard pourra bien inventer de pire. Je lis la trilogie des Marc Marronier en entier et bien malgré moi je deviens fan du petit bourgeois décadent à lunettes. Des phrases chocs qui sonnent comme des slogans de pub. Des situations débiles mais vrai. Un sens de l'ironie, du caustique, de l'humour noir. Il joue avec les mots et fait sonner tout ce qu'il peut de façon accrocheuse, voir parfois racoleuse. Je n'y peux rien: j'aime beaucoup.

Charles Bukowski - Contes de la folie ordinaire

Le vieux Hank je l'ai découvert en école d'ingénieur alors que je commençai à peine à vivre de mes propres ailes. Découvrant ce qui est beau et ce qui est moche. Je lis Conte de la folie ordinaire. Une grande baffe dans la gueule. Ce type est sale et alcoolique. Il parle de baise, d'alcool, de courses hypiques. C'est un vieux dégueulasse qui regarde le monde comme si c'était un gros tas de merde qu'il s'apprêtait à envoyer aux égouts en tirant la chasse d'eau. Un sacré misogine aussi. Mais c'est un génie. Il raconte une vie hallucinante dans des nouvelles plus tordues les unes que les autres. Dans ses bouquins il y a des putes robots, des mecs qui se font rapetisser pour servir de godemichet, des singes volant qui font la course jusqu'à Washington, et surtout que de cuites, des road trip, des femmes et du cul... Des concentrés d'une vie alcoolique, désabusée, mais vécue à fond. Je t'aime vieux salaud!!

Henri Miller - Sexus

Je suis au Japon, dans une ville de merde, avec un boulot de merde. Je suis loin de tout, je me fais chier et je me sens seul. Ma copine me manque et ma vie sociale est misérable. Une amie branché littérature m'avait regardé dans les yeux à Paris et m'avait dit: Lis la trilogie 'La crucifixion en rose' de Henri Miller. Je la connaissais pas vraiment cette bonne femme à vrai dire, mais elle m'avait bien cerné la garce. Je sors 'Sexus' de mon sac. C'est le premier Tome et il est énorme. Ca me fait un peu peur. Et puis je me lance. C'est une auto-biographie qui parle de ses amours et d'une certaine époque de sa vie. Justement, sa vie, elle lui sort pas les trous de nez. Il la transpire par chaque pore de sa peau. La vie, la vrai. Il en déborde et il étouffe dans ce monde de merde où on doit se battre jusqu'à en crever pour faire ce qu'on veut vraiment faire dans la vie. 'Sexus' c'est aussi et surtout une ôde fantastique au sexe et à l'amour. Il n'utilise pas de métaphores à la con à base fleurs et d'abeilles qui butinent. Un chat c'est un chat et une chatte c'est une chatte. Grâce à ces mots, il décrit formidablement la beauté du sexe avec la personne qu'on aime. La passion, la sueur, les peaux brûlantes en friction, l'extase des sens. Il a changé ma plume et ma façon de penser de façon indélébile.

Paul Auster - La nuit de l'Oracle

Un auteur qui parle d'un type qui écrit. Un roman dans un roman. Jeux de mirroirs. L'écriture est fluide et envoutante. Une immersion totale pour peu qu'on ai certaine affinité avec l'écriture. Dans les romans de Paul Auster il plane toujours une atmosphère mystérieuse. Tu ne saurai pas dire comment la magie opère, mais quelque chose va se produire, et cette sensation s'épaissit au fur et à mesure du livre puis explose dans une fin étrange, presque fantastique. Mais la vie est étrange, parfois à tel point que ça n'en est plus réel. Les coïncidences...

Bon bah voilà. Ce sont un peu ces types qui ont fait de moi ce que je suis à l'heure actuelle. Merci les mecs!
N'hésitez pas à mettre la main sur un de ces bouquins, ils sont assez courts (sauf Sexus qui est énorme, mais trooop bien!) et se lisent très facilement.

Le Poulpe et la Pizza

Au début, je voulais écrire un petit texte sur un poulpe qui voulait manger de la pizza. Un conte initiatique animalier. Un truc du genre révolutionnaire. Mais en y réfléchissant j'arrivais à une impasse parce que les poulpes ça parle pas, et du genre pour commander la pizza c'est quand même galère. Ensuite il pourrait peut être parler mon poulpe, mais la pizza elle serait toute molle dans l'eau et puis la garniture elle se ferait la malle. Et je connais pas des masses de livreurs qui fileraient une pizza à un poulpe. Question de déontologie. Le règlement est tout de même assez strict là-desssus. Ensuite, on pourrait imaginer que le poulpe et le livreur deviennent potes. Oui, par exemple, ils pourraient fumer un petit joint ensemble en buvant des bières, parlant de tout et de rien. De leurs relations passées, que c'est tout de même vachement dur de reconnaitre son môme parmi 20 poulpes tout gluant et tous pareil, et de la difficulté d'insertion d'un animal aquatique dans la société actuelle...De la crise peut être aussi...Et du coup ils deviendraient super potes. Comme ça plus de problème pour payer la pizza. Ca se passerait sur une plage de la cote d'azur et ça serait beau. Il y aurait peut être des enfants, riant et courant main dans la main avec leur maman. Un sourire halluciné aux lèvres car le soleil couchant est violet et parce que les champignons de la régina sont pas très catholiques. Le sable entre les orteils (ou les tentacules), ils s'amuseraient bien et le temps passerait si vite qu'ils seraient le lendemain. Le poulpe squatte l'appartement du livreur et ils matent ensemble Discovery Channel. Puis il s'embrassent comme s'il n'y avait aucun lendemain. Parce que la vie est belle et ils savent très bien que cette relation n'a aucun avenir. Ils font l'amour pour la première et dernière fois. Passionnément. Et puis ils se serreraient très fort dans les bras en pleurant bruyamment tandis que le soleil se lève. Ca y est le poulpe doit repartir. Pirate des 7 mers, roi des fonds marins, et grand rêveur devant l'éternel,. Il y aurait une sonate de Beethoven super triste avec un pianiste qui agite la tête. Le livreur agite la main en criant son nom, et puis lui jette une dernière part de pizza...Un cadeau d'adieu. Ce serait si triste et si beau. Ce serait l'histoire de la vie...

Ce message est sponsorisé par une bonne pinte de Leffe, six mois de chômage et un excellent album d'Hocus Pocus( 73 touches).

lundi 20 avril 2009

Material Girl

Désolé, mais ce soir je n'ai pas envie d'écrire de jolies choses. A bon entendeur...

Jusqu'où peut on aller pour atteindre ses objectifs. Combien de personne est on capable de piétiner pour obtenir ce que l'on souhaite? Quels outrages est on prêt à subir pour être là où l'on veut. Je crois que ce sont des choix qui définissent un individu.
Il y a ceux qui ne tueraient pas une mouche. Il y a ceux qui crèverait un oeil à un chien. Il y a ceux qui vendraient leur corps aux cochons. Il y ceux qui offriraient leur premier né au diable.
Toi qui lis ces lignes, tu es de quel côté?

Il n'y a pas de gens bons et de gens méchants. Il y a seulement des gens qui accordent plus ou moins d'importance à leur entourage, voir même à leur propre personne. Ce ne sont que des détails, des entraves qui ralentissent leur progression. Pourquoi s'encombrer de notions inutiles comme la morale. La morale n'est pas le droit, et la transgresser ne nous envoie pas en prison. "Qu'importe si rumeurs et murmures grouillent partout où j'irai. Tant que j'obtiens ce que je désire..." m'a-t-elle un jour dit si honnête avec elle même, à genoux dans un parking, mon sexe entre les mains. Toute action humaine a un motif. Peu importe si vous le comprenez, l'essentiel est qu'il existe. Nous trouverons toujours un moyen de justifier nos plus horribles actions.
Et elle m'aspirait à nouveau, goulument, savourant ce confort et cette sécurité que je lui offrais en échange d'une simple pipe. Une belle maison, une garde robe hors de prix, un petit chien idiot, des relations influentes, des enfants imbéciles, une voiture de luxe...Voilà à quoi tenait mon mariage avec cette succube. A un peu de salive et de sperme mélangé dans une bouche, entre deux crissements de pneus, dans un parking d'hôtel quatre étoiles. Les lubies d'un vieillard pervers, et l'ambition bourgeoise d'une coiffeuse généreuse...

jeudi 16 avril 2009

Addiction

Enfin chez lui. Il a attendu ce moment toute la semaine. Il dépose son manteau et enlève ses chaussures. D'une main il desserre sa cravate en soupirant. Il a envie d'un petit verre pour décompresser, alors il se sert un martini. Rien n'a avancé comme il voulait. Le projet d'amélioration du site prend du retard, les fournisseur qui font n'importe quoi, et puis cette grève qui paralyse l'arrivée des matières premières au port. Accoudé au bar de la cuisine il se dit qu'il a bien mérité un petit extra. Il va s'en faire un petit pour la route.

C'est le genre de moment que l'on partage entre amis d'habitude, et il n'a pas vraiment l'habitude de faire ça tout seul. Mais aux grands maux, les grands remèdes. Il va chercher la boîte qu'il a caché dans un tiroir de la salle de bain et revient s'assoir dans le canapé devant la télé. Il en sort un déjà tout prêt et le met dans sa main, savourant à l'avance les sensations qu'il va lui procurer.

Tout doucement, il referme ses doigts autour et sent la petite chose jaune frissonner en piaillant. Il ne peut plus attendre. A l'aide de ses deux mains, de toutes ses forces, il presse le poussin qui éclate dans un giclée de duvet et de sang. Il soupire en s'affalant. C'est toujours trop court... Il a envie de s'en faire un autre. Mais ce ne serait pas raisonnable...

Attention les poussins sont à consommer avec modération.

Ce message vous a été proposé par l'Association d'Extrermination des Petits Animaux Mignons.

vendredi 10 avril 2009

Dans le train...

Dans le train, tout se passe lentement. On a le temps de goûter chaque geste, chaque pensée. Tout dure des heures. Le train va si vite que le temps coule plus doucement. Mon reflet me contemple. Je m'arrange toujours pour être près de la baie vitrée. Quand il n'y a rien à faire, on peut regarder la vie ralentir à travers les arbres qui défilent. Les couleurs se mélangent en une masse informe.
Dans le train je m'invente des histoires. Le train produit cet effet en moi que mon imagination s'enflamme.
Confortablement assis, tout près les uns des autres, les gens se sourient, ils discutent, lisent, dorment, rient et parfois pleurent. La rame est remplie d'amis improvisés. Nous partageons la même intimité le temps d'un voyage.
D'aucun diront qu'il s'agit plutôt de promiscuité. C'est leur point de vue et je ne pense pas qu'ils regardent du bon côté de la lorgnette.
Je suis là et il y a cette jeune fille qui me sourit et s'assied tout près de moi. Elle enlève son manteau et prend ses aises. Je l'écoute téléphoner à sa mère et découvre bien malgré moi un peu tout de sa vie. Et puis elle s'assoupit, presque contre moi. Son pull distendu glisse sur ses épaules et j'aperçois une bretelle de son soutien gorge.
Mon imagination s'enflamme. Je me vois l'entourer du bras et l'embrasser sur le front. Caresser ses cheveux et la regarder somnoler. Ce serait ma petite amie et je serai heureux. Mais ce n'est pas le cas. Je rougis et détourne les yeux de son décolleté. Les arbres défilent. Les fils électriques oscillent au rythme du rail. Les champs s'étalent en tournoyant.
Parfois les rêves semblent si réels qu'ils en deviennent douloureux. Bientôt Paris.
Ma belle au bois dormant se réveille. Elle s'aperçoit que je la regarde et sourit les yeux mi-clos.
"Tu as bien dormi?" Elle se détourne et s'étire dans un baillement sonore. Les mots ont failli sortir. Le train est à quai. C'est la fin du rêve. Encore une jolie fille qui quitte ma vie.

mercredi 8 avril 2009

Saint - Michel

Les gens m'entourent. Chacun sa chacune.
Ils parlent anglais, allemand, chinois...certains parlent français.
Il fait beau, les filles sont jolies. Un poste fait frémir l'eau de la fontaine. Sur un bras, sur une jambe, avec passion et style, les danseurs virevoltent. La sueur perle sur leur front. Les gens s'attroupent pour les regarder. Quelque chose se passe.
La musique se mêle, au clapotis de la fontaine et au bruit des voitures. Les remous de l'eau projettent des éclats dorés sur les regards plissés.
Moi, je n'aperçois plus grand chose. Le rideau humain masque les danseurs. J'entrevoie des mains et des pieds qui tournoient en rythme au dessus des casquettes.
Une fille à la moue boudeuse s'assied en tailleur non loin. Elle regarde l'écran de son réflex avec un air absorbé. Les danseurs ne semblent pas l'intéresser. Et moi je la regarde...Elle remonte une mèche de cheveux derrière son oreille et j'aperçois sa nuque blanche et délicate. Ce doit être l'été...
Son regard vagabonde. Elle attend quelqu'un.
Le mur s'effrite petit à petit. Les danseurs ont fini par lasser. Il y a tellement de choses à voir et à photographier. C'est grand Paris.
Une dame que je n'avais pas vu arriver tapote mon épaule du bout des doigts. Elle semble gênée. Je me lève.
" Vous pouvez prendre une photo de moi près de la fontaine?"
Elle sourit timidement et me tend un vieil appareil jetable. Ca fait trente ans qu'elle habite à Paris. Elle travaille à l'hôtel de ville. Sa soeur resté "au pays" à toujours voulu voir le Paris dont elle lui parle si souvent. Après trente ans d'attente, elle recule de plusieurs pas et prend fièrement la pose.
Cric. Cric...Clic!
Ca y est c'est fait. Elle à l'air heureuse. Le pas léger, elle reprend son chemin et me lance un dernier "Merci", un grand sourire aux lèvres. C'est moi qui sourit à présent. C'est contagieux il faut croire...

mardi 7 avril 2009

Vous allez tous mourir!...Un jour...Peut être...

Dès fois, je me dis que la vie c'est vraiment trop court...Et oui, désolé de plomber l'ambiance, mais je suis en effet atteint d'une maladie incurable et plutôt vicelarde: la mort...

Les symptômes sont assez simples, mais non moins effrayant: il me reste en effet une période de temps tout à fait aléatoire à vivre allant d'une minute à 80 ans, et ensuite...Bah je serai mort. Une maladie d'autant plus terrifiante que nous l'avons tous chopé à la naissance!! C'est tout de même incroyable qu'on en parle pas plus au Journal de TF1...Avouez tout de même que c'est assez terrifiant de se dire que demain, il existe une probabilité non nulle que je meure écrasé par un piano à queue. Fou non?!
Mais la plupart des gens ne sont pas aussi conscient que moi, et ils se disent que la mort c'est pour les autres, qu'ils ont été vacciné par leur parents quand ils étaient petits.

Je vous présente donc M.Dupont. Assis sur la cuvette, il pousse avec un air contrit et vous salue de la main.
- Bonjours les enfants!...Plouf!
Bonjour Monsieur Dupont...
Mais ce que M. Dupont ne sais pas, c'est que dans une seconde, un vaisseau sanguin minuscule va éclater dans son cerveau, provoquant une mort instantanée. Pas de chance mec.
- Merde alors...
Et l'espace d'une seconde qui semble s'étirer à l'infini, M. Dupont va voir défiler sa vie. Son premier amour, cet été chez ses grands-parents, la fête qu'il avait organisé pour ses vingts ans, les premiers pas de son fils. Mais aussi ce manuscrit qu'il n'a jamais essayé de publier, ce travail qui ne lui plaît pas et qui a bouffé la moitié de sa vie, et puis cette femme qui a traversé sa vie et qu'il n'aurait jamais du laisser partir.
Monsieur Dupont a vécu une belle vie, mais il part, le caleçon sur ses mollets et la merde au cul, en se demandant si c'était vraiment la vie qu'il voulait vivre. Dans un dernier pet qui constelle la faïence de petits éclats marrons, Monsieur Dupont s'en va...

Voilà ce qui risque de vous arriver si vous n'êtes pas conscient qu'un jour votre vie va finir. Je ne vous dis pas que vous allez être fauché au moment du popo, mais que ce serait con de vivre une vie pleine de regrets. C'est pour ça qu'il faut se dépêcher et en profiter à fond. C'est en ça que la vie c'est trop court: Il y a trop de choses à faire!

Vivez bien, vivez passionnément!! Et mangez des fibres!!

dimanche 5 avril 2009

Courriers indésirablement divins...

Ce matin j'ai reçu un mail de Jesus. Ca m'a assez surpris, Jesus qui m'écrit....
Pourquoi moi et pas quelqu'un d'autre? La raison est assez simple quand on y réfléchit, c'est parce qu'il me connaît bien. Après tout, c'est Dieu. Il a donc très vite compris que j'avais besoin d'une Rolex à moitié prix. Le sauveur me propose donc un éventail assez impressionnant de montres de luxe pour un prix dérisoire...Un miracle en somme. J'ai donc acheté quelques modèles pour moi et mes amis parce que, je sais reconnaître un miracle quand j'en vois un. Et puis mes potes c'est des geeks alors comme ça je fais d'une pierre deux coups: je sauve leur âme et je leur offre une montre chic. Comme ça ils deviendront mes amis dans la vrai vie et on pourra faire des trucs ensemble et tout.
Du coup, en fin de matinée, quand Marie, la sainte mère de Dieu, m'a proposé du Viagra pour satisfaire ma copine, j'ai pas trouvé ça bizarre... Pleine d'empathie et de compassion, elle a même pris le temps de mettre un petit mot à la fin de son email:"Si tu ne le fais pas pour toi, fais le pour elle!". Alors je me suis imaginé ce que pourrait en penser ma copine, si j'en avais une , et je me suis dit qu'elle serait tout à fait d'accord. J'ai donc commandé deux boîtes de pilules. Et j'en ai aussi profité pour commander un agrandisseur de pénis sur son site en ligne cette après-midi. Parce que dans les films sur internet, les filles elles ont l'air de préférer...les grandes tailles...

Juste un petit message pour déclamer mon amour pour les spams ! Ce matin j'ai regardé ma boîte mail et j'étais pété de rire tellement c'était n'importe quoi...

samedi 4 avril 2009

Projet Purple Bob: Bob (1)

Donc c’est l’histoire d’un type violet qui traverse Paris sur un cheval violet. Et puis ensuite y a des explosions, quelques fusillades, des meufs à poil, une course poursuite, des viols collectifs, du pudding qui tombe du ciel et plein sortes d’autres choses. Mais commençons par le commencement voulez-vous ? Ceci est donc le premier (très court) chapitre de ma nouvelle nouvelle/roman (on verra ça plus tard). Bonne lecture et je compte sur vos commentaires!!


Il fait beau et tiède. Le soleil de ne devrait pas tarder à se coucher. Et il y a ce type violet sur son cheval violet qui se ballade. Clopin clopant. Au trot. En sifflotant un vieil air disco-funk de Earth Wind & Fire. Forcément, comme il est violet, les gens se retournent sur son chemin. Il faut dire qu’il est à poil aussi, ça ne doit pas forcément jouer en sa faveur. Mais ça ne le dérange pas plus que ça … A ses yeux, ce sont le reste des gens qui sont trop habillés. Ridicules petits bonshommes portant autre chose que leur peau. Trop honteux pour montrer qui ils sont vraiment. Fragiles et frileux…Lui au contraire, il à l’air de savourer son effet. Rien ne semble lui faire peur. Ses yeux défient le monde entier.

Il déteste les parisiens trop blasés, qui ne daignent pas lui jeter ne serait-ce qu’un coup d’œil curieux. Il y a aussi ceux qui ne veulent pas d’ennuis. Ceux qui ont peur. Un homme assez fou pour se promener tout nu à cheval dans les rues de Paris ne peut être qu’un individu dangereux. Une peur d’animal battu, infondée et idiote. Dérouté par la nouveauté d’une telle situation, ils ont choisis de feindre l’ignorance en plaquant un regard faussement passionné sur les crottes qui parsèment le bitume. Il y a également les rigolos. Les « jeunes », qui se gaussent et le filment grâce à leur téléphone portable. Ils écriront sûrement un billet très inspiré qui viendra égayer la page fluorescente de leur Skyblog. Certaines personnes sont, néanmoins, plutôt enthousiastes à son passage. « Trop fort mec !! » ou encore « Putain c’est ouf !! » sont des exclamations récurrentes. On le prend en photo à la dérobée avant de s’enfuir.

D’autres vont même jusqu’à lui parler et lui poser des questions. La plupart du temps ce sont des femmes. Il faut avouer que Bob est bel homme. Son corps est admirablement bien dessiné. Dos large, fesses rebondies, jambes solides, pectoraux saillants et tablette de chocolat. Son visage ne ressemble à aucun autre, comme issu d’un métissage de toutes les races du monde. Son regard écarlate, à la fois doux et perçant, ses cheveux noirs ébouriffés, ajouté à la teinte violette de sa peau lui donnent un charme surnaturel. En l’apercevant de loin, on est tenté de penser à une mauvaise blague. Mais en le détaillant de plus près, on est saisi par la beauté étrange qui émane de son être entier. Bob ne réponds jamais. Il se contente de sourire gentiment en remerciant de la tête, puis il disperse les badauds d’un geste de la main. Il doit continuer sa route sous peine d’arriver en retard. Il aimerait pourtant prolonger sa petite promenade. Se faire admirer un peu, et continuer sa visite de Paris. C’est la première fois qu’il a l’occasion de visiter la plus belle ville du monde, mais le caractère professionnel de son séjour l’empêche de suivre ses envies à sa guise. Il poursuit donc sa route dans les rues du XVIe, klaxonné par les voitures et interpelé par les passants. Les immeubles sont jolis mais on finit vite par se lasser. Il n’y a pas grand-chose à voir ici alors il presse le pas.

Dix minutes plus tard, le voilà enfin arrivé sur la place du Trocadéro. Il n’a rencontré aucun problème majeur, et comme IL lui avait promis, la police n’est pas venue l’importuner pendant qu’il paradait. Le soleil touche l’horizon et il est temps pour Bob de rentrer en scène. Son expression change. Affichant une implacable résolution, Bob donne un coup de talon dans les flans de Numéro 1. Le cheval passe du 0 au 100 en à peine 5 secondes. Une sacrée bête pour sûr. D’un coup de sabot il envoie promener les voitures qui sont sur sa trajectoire, sous les yeux médusés des cigares, fourrures et lycéens friqués en terrasse. Bob et son cheval ne forment qu’un. Soudés l’un à l’autre ils foncent désormais à vive allure vers la rambarde de l’esplanade. Les touristes filment, les rollers s’écartent. Le cheval saute et tout le monde retient son souffle en écarquillant des yeux terrifiés. Il y en a même certain qui hurlent. Le temps est comme suspendu. Mais pourquoi ce type violet s'est-il jeté du haut de l'esplanade ? Mais il vole. Contre toute attente, le cheval prend de l’altitude et continue, en pédalant dans le vide, sa route en direction de la Tour Eiffel… Il y a donc un type violet tout nu, qui traverse le ciel de Paris en volant sur un cheval. C’est pas commun.

Un silence pesant règne sur l’esplanade du Trocadéro. Les gens n’ont pas vraiment envie de croire ce qu’ils viennent de voir. En contrebas, sur le Parvis des Libertés et des Droits de l’Homme, on entend des exclamations plus ou moins pertinentes comme : « C’est quoi ça ?! » ou encore « Oh Putain ! Y a un ch’val qui vole !! ». Et tandis qu’il arrive à hauteur de la Dame de Fer, une voiture quitte le pont d’Iéna en vrillant, avant d’atterrir dans la Seine, accompagné d’un tonnerre de coup de klaxons. Toute cette agitation à l’air d’amuser Bob, qui décide d’entamer un tour d’honneur autour de la Tour Eiffel avant de redescendre doucement. Il arrive en glissant entre les quatres pattes de métal. Les fers de Numéro 1 projettent quelques étincelles en crissant au contact de l’asphalte. Les touristes ne semblent pas comprendre, mais sont ravis. Les danseurs et les mendiants froncent les sourcils et n’osent pas s’approcher, ils n’ont jamais vu un truc aussi dingue de toute leur vie. Un cercle se forme à bonne distance de notre cavalier violet, mais personne ne bouge ni ne parle de peur de…Ils ne savent pas vraiment de quoi ils ont peur, mais ils ont peur.

Bob regarde autour de lui d’un air satisfait quand un clochard tout rouge s’agrippe à sa jambe en hurlant « C’est la fin du monde bordel !!!C’est ça ?!C’est la fin du monde !! ». Sans se départir de son calme, Bob écarte le SDF avec tendresse d’un geste de la main. Puis, se redressant un instant, il aperçoit un groupe d’individus qui tente de percer la foule. Ils ont une caméra et des micros. Voilà, ils sont enfin arrivés. Se retournant une dernière fois vers le clochard, il sourit. « Oui, c’est ça : c’est la fin du monde. Tu comprends vite toi ! Tu t’appelles Jean c’est ça ? ». Le clochard hoche de la tête comme un petit enfant qui se fait gronder. « Et bien Jean, rassures toi ! Toi, tu vivras. Alors maintenant casse toi…la télé arrive. ».

mercredi 1 avril 2009

Erotomanie des mots (sponsorisé par wikipédia)

Comme vous aurez pu le comprendre grâce aux posts précédents, je nourri un espoir imbécile qu'un jour je serai écrivain et publié (pour la petite histoire j'ai déjà un manuscrit tout prêt).
Mais à la base de ce délirium tremens, il y a comme toujours une histoire d'amour. Celle des mots.
J'en suis follement éperdu, presque autant que je m'aime moi. J'aime le son qu'ils produisent, leur beauté graphique, les histoires qu'ils évoquent, et la sensation d'ivresse qu'ils me procurent, sortant de mon corps par convulsions intermittentes en une logorrhée lancinante.
Mots crus, raffinés ou bien alambiqués, j'ai toujours cultivé un certain culte du bon mot, et j'aime m'entourer de gens qui partagent ma passion d'une façon ou d'une autre. Pas nécessaire d'être écrivain pour ça. Les jeux de mots, les belles formules, les non-sens et autres figures de styles (aussi débiles soient elles) qui ponctuent certaines de mes soirées: tout ça suffit à m'enchanter. Je trouve souvent plus fort que moi. Plus érudit. Plus inventif. Plus abondant. Mais c'est ainsi qu'on apprend, et malgré mon besoin irrépressible d'essayer de briller, il ya des fois où se taire et écouter est une alternative satisfaisante.
Je vais désormais vous laisser, car le cabinet d'aisance m'attend, moi et mon séant simiesque, non sans vous recommander auparavant quelques adorateurs du bon mot qui m'ont un jour ou l'autre beaucoup inspiré.

Les mots chantés:
- Katerine
- Franck Monnet
- Jacques Brel
- Georges Brassens

Les mots dits:
- Ariel Wizman
- Edouard Baer
- Moi

Les mots écrits:
- Frédéric Beigbeder
- Henry Miller
- Charles Bukowski
- Paul Auster

mardi 31 mars 2009

Qu'est-ce qu'on fait ce soir?

Un vieux texte que j'aime bien:

Etendue à ses côtés, elle le regarde et caresse son torse du bout des doigts. Les yeux clos, il lui sourit. Il la sait à ses côtés, couchée sur le flanc à le regarder. Sans ouvrir les yeux, sans bouger, il fait glisser ses doigts sur ses hanches. Réveillé depuis peu, c'est son premier geste de la journée, et son bras endolorit semble bouger tout seul, mû par une volonté propre. Allongé sur le dos, les yeux toujours scellés, il fait durer la nuit passée. La lumière chaude du levant inonde la chambre, glissant sur leurs deux peaux nues. La couette les recouvre à peine. Il ne fait pas froid de toute façon. Il fait maintenant glisser ses doigts sur la peau douce et délicate de sa poitrine. Gravissant ses courbes, effleurant innocemment ses tétons dressés. Elle ferme les yeux, son sourire espiègle se faisant suave. Son corps s'ouvre à la chaleur orangée du matin. S'appuyant plus fermement sur son torse, elle se penche doucement sur son visage. Il sent ses lèvres brûlantes se rapprocher des siennes. Il ouvre les yeux et la regarde. Elle est à lui. D'un geste calme, il presse un téton entre ses doigts.
-"Pouet! Pouet!" lache-t-il, un sourire idiot aux lèvres.
D'un mouvement preste elle se redresse et gifle sa verge dressée par l'érection matinale.
-"T'es trop bête! T'as tout gâché! Tu peux toujours te brosser pour avoir un câlin..."
Désormais totalement réveillé par ce coup inattendu, il se redresse et l'attire à lui. Elle lutte sans conviction et finit par se laisser entraîner. Tout près l'un de l'autre, ils se regardent. Elle fait mine de bouder. Il fait à nouveau glisser sa main sur ses hanches avant de descendre doucement caresser ses fesses. Ils s'embrassent. Doucement, tendrement. Ce n'est pas l'heure des étreintes démonstratives et des baisers passionnés. L'aube est faite pour les câlins complices, les caresses délicates, les regards embrumés, les pieds froids et l'haleine du matin. Il se lève. Une main dans les cheveux, le regard hagard, les pénis fièrement dressé, il baille et s'étire.
-" Qu'est-ce que tu fais?"
-" Je m'habille un peu, il fait froid."
Il n'a pas le temps d'enfiler son boxer qu'elle l'a déjà rejoint. Collée contre son dos, elle presse de petits baisers contre son cou, puis lui pince les fesses d'un air coquin.
-"Je sais comment te réchauffer moi..."
Il sourit et se retourne pour l'embrasser. Sans attendre, elle l'entraîne vers leur lit. Deux ans déjà...Le temps passe vite à deux.
-" Dis, qu'est-ce qu'on fait ce soir?"
Elle l'embrasse et le pousse sur le lit.
-"On verra ça plus tard."

Pourquoi ce titre?

C'est la réponse que j'ai un jour donné à cette jeune fille un peu candide venue me demander avec des étoiles dans les yeux ce que ça me faisait d'être un "écrivain"... Va savoir qui avait été lui raconter ça...La soirée était bien avancée et l'alcool aidant, mes amis avaient sûrement eu la langue trop pendue. Assise prêt de moi sur un canapé rouge, la petite me regardait avec fièvre et semblait attendre quelque chose de brillant de ma part.
"Eh bien...Tu vois, écrire c'est comme chier...Ca fait du bien quand ça sort...", est la seule chose d'assez brillante qui m'était alors venu à l'esprit.
Je garde encore le souvenir de son visage... Comme si j'avais brisé quelque chose en elle ce soir là. Elle s'était levé quelques secondes plus tard pour ne jamais revenir...Va comprendre!

J'ai tout simplement appelé ce blog comme ça, pour savoir qui allait être assez curieux pour venir me lire. C'est vrai que l'image n'est pas très ragoutante, mais elle n'en est pas moins dénuée de sens...

Si vous n'avez pas peur des mots crus ni du n'importe quoi: Bienvenue à vous amis de la poésie !