mardi 31 janvier 2012

Fiction

C’est toujours comme ça. Je rentre à la maison fatigué de ma journée. Aujourd’hui, comme tous les jours, les ennuis se sont succédés à un rythme effréné.
D’abord Francis, le type de la comptabilité, qui m’annonce qu’on doit faire une modification dans une vingtaine de programmes d’ici ce soir pour résoudre un plantage qui est de LEUR faute. Comme je me doute que les clients aimeraient recevoir l’argent qui leur est dû en temps et en heure, je dois abandonner mon projet actuel et faire plancher toute mon équipe sur le problème de cet enculé de Francis. Nous avons déjà accumulé vingt jours de retard sur le planning initial. Ensuite, c’est mon chef qui vient me trouver pour me dire que je suis un trou du cul. Texto. Selon lui mes projets sont bâclés, je dépasse allègrement les charges définies, et puis j’ai une tenue inadéquate. Je ne comprends pas. Costume marron foncé, chaussures marron, chemise blanche et cravate dorée unie. Je suis impeccable. Le costume sort du pressing et ma chemise  repassée du matin. Je suis rasé, mon haleine est fraiche. Je ne comprends pas. Et puis soudain je comprends. Ce type me déteste et n’importe quel prétexte sera bon pour me saquer. Il a de la bile à revendre, et il a choisi de la déverser sur MOI. C’est ainsi on y peut rien. Je me tais et pense à autre chose. Comme ça serai bien d’avoir un travail épanouissant. Je m’imagine, lui tranchant la gorge. Son regard surpris tandis que le sang inonderait son costume clair bon marché. De retour à mon bureau je constate que mes collègues sont déjà tous partis manger. Personne ne m’a attendu. Je déteste manger seul, seul à en crever. Je sors donc m’acheter un sandwich que je mange devant mon PC en continuant de travailler, ça m’occupe l’esprit. Il est 18 heures quand nous arrivons enfin à résoudre le problème de ce connard de Francis. Merci, me dit-il par mail, tu as assuré. J’aimerai planter un couteau dans son ventre pour voir ce qui en sortirait. Nous partons célébrer notre victoire de la journée à la machine à café. Quand je reviens, un petit malin a envoyé de mon poste un mail dégueulasse à toute la direction. J’avais oublié de verrouiller mon PC. Mon chef trouve alors un magnifique prétexte pour me renvoyer, ce qu’il fait 30 minutes plus tard. Je quitte son bureau, suivi des yeux par tout mon service. Je prends mon manteau et ma mallette pour pouvoir enfin rentrer chez moi me reposer. Je m’apprête à descendre les escaliers quand Berthier s’interpose. Je suis désolé, me dit-il penaud, je vais tout de suite aller voir le chef et lui dire que c’est moi. Le mail n’était que pour notre équipe normalement.Je sais pas ce qui s'est passé. Il se confond en excuses. Je le regarde. Il me regarde.... Je le pousse dans les escaliers. Excuses refusées.Je vais prendre l’ascenseur finalement.
Et me voilà enfin à la maison. Après deux heures coincé dans le RER sous les aisselles d'un géant suintant et puant. Après 19 étages montés à pied (les trois ascenseurs sont tombés en panne). Elle est là, à me parler de je ne sais quoi pendant que je me sers un verre de porto. Je n'ai même pas eu le temps de retirer mon manteau qu'elle m'est tombé dessus. Elle me reproche tout un tas de choses comme d'habitude. Son discours est complexe et pars dans de nombreuses digressions. Je sirote mon verre et fait mine d'écouter . Lorsque je veux la dépasser pour déposer mes affaires. Elle me barre le chemin et me repousse violemment. Tu ne m'écoutes pas! Tu ne m'écoutes jamais! me hurle-t-elle. Oula! Ca dégénère apparemment. Je ferai mieux d'écouter maintenant qu'elle pleure. Je dépose mon verre et m'apprête à parler. Désolé, j'ai eu une journée de...Elle ne me laisse pas finir et me jette mon apéritif au visage. Pourquoi aujourd'hui?...Elle me regarde à bout de nerf. Moi, mpassible, fatigué, usé, désabusé. Sa colère monte d'un cran. Elle m'envoie une gifle. Pourquoi est-ce qu'elle a décidé de me casser les couilles aujourd'hui? Elle me donne une autre gifle. Plus forte cette fois. Chérie s'il te plaît, calme-toi. Elle n'écoute plus et devient hystérique. Elle hurle et bondit en tout sens. Elle me griffe le visage. Je suis fatigué, j'en ai marre de ces jérémiades. Elle me frappe de toutes ses forces, mais les coups ne me font plus rien. Je regarde la scène en dehors de mon corps. Je n'ai plus aucune prise. Mon double serre les poings, le sang palpite fort dans ses tempes. Tu as choisi la mauvaise journée mon amour, je suis désolé.

lundi 30 janvier 2012

Sans queue ni tête...Un cheval peut-être?

Mais si je vous jure! Il était là pourtant...Un coeur qui bat, il n'y a pas si longtemps. C'est comme se dire qu'on avale une couleuvre, quand on réfléchit ça doit être dur. Comme une orange pas mûre. Sauter d'une chaise et se casser les deux jambes, c'est idiot. Peut-être mais ça m'est déjà arrivé deux fois cette semaine. Pourquoi les gens me regardent ils méchamment dans la rue? L'amour rend nerveux. Moi je les aime bien les gens, et ils me le rendent au centuple avec des cailloux pleins d'émotions de toutes les couleurs.
Il y a un animal trop mûre qui roule sur le plancher du métro. C'est une tortue asymétrique, voir pyramidale. Les gens lui donnent des coups de pied car on est en France et c'est le sport nationale. On voit parfois des choses étranges dans le métro.
Ma foi dans la vie est égale au nombres de mots qui auraient du sortir de ma bouche tout à l'heure. C'était il y a longtemps et je ne sais pas vraiment quoi en faire. Ils dégoulinent aux commissures des lèvres. Je les laisserais sortir tout à l'heure s'ils sont sages. Mes doux agneaux. C'est bien dommage qu'il n'y ait que moi pour en profiter. J'aimerais les cracher à la figure de cette adolescente boutonneuse aux jolies habits. Sa frange me donne chaud.
Penser et écrire. Ecrire et ne rien en penser. Danser, rire, manger. Tout faire en même temps si possible, mais c'est dur, comme l'eau de ma douche. Abreuver ses meubles de paroles mielleuses et se dire que c'est géniale quand c'est sorti. Si j'avais des amis ils souriraient comme ma table basse, je lui raconte n'importe quoi. Moi aussi je souris, parce qu'elle est la seule qui m'écoute discourir sans souscis de début, de fin, de milieu, d'entre-deux, d'entre-chat, d'entracte, d'ambages, d'emballage en somme. Je me laisse aller. Parler pour parler. C'est dommage que ça rende moins bien sur un écran d'ordinateur.
Tokyo Tower! C'est loin mais qu'est-ce que c'est funky. Je regarde sa photo et je fais du break. Une vision satisfaisante de la musique en métal urbain. J'aimerai ne jamais m'arrêter, mais il faut que je donne de l'eau à mon poisson.
Une forêt de pains, dans un pays lointain. Leurs épines rentre dans le palais. Le roi avait pourtant renforcé la sécurité. La garde est débordé de levure et de farine. C'est la faim. Leroy est mort, vive Jenkins! Dans un sens c'est ce qui nous attend tous, et dans l'autre...suot dnetta suon iuq ec tse'C.
C'est souvent en fin de soirée que je me rends compte que personne n'écoute ce que je dis. Mais je le dis souvent dans ma tête aussi. S'ils pouvaient entendre, je me demande ce qu'en diraient les NSYNC. "Julien tu es un type cool...Ne t'arrête jamais." Alors je serais bien embêté du coup. J'attraperai des crampes et je serais tout lyophilisé, mais je serai heureux ça c'est sûr. Parce que j'aime beaucoup Justin Timberlake d'une part.

En conclusion, La funk japonaise ça déchire (merci Ken pour ce lien).

vendredi 27 janvier 2012

Moi à nouveau?

Ce matin, il a suffit d’une coïncidence, pour que je comprenne ce qui me ronge depuis si longtemps. Il m’a fallu du temps pour réaliser, pourtant les indices ne manquaient pas. Maintenant quoi faire ?

Ca fait plus d’un an que je n’ai rien écrit de concret et dernièrement je sens quelque chose en moi qui germe. Je me mets à penser que je devrai peut-être retravailler mon premier manuscrit que les éditeurs avaient refusés. Je me dis ça tout en commençant le premier tome de 1Q84 de Haruki Murakami. Dans ce livre un des héros est un écrivain qui n’a jamais publié, et c’est en réécrivant le manuscrit d’une inconnue qu’il se redécouvre et trouve enfin ce qui lui manquait. Il décide d’écrire un nouveau roman, convaincu, sans l’ombre d’un doute qu’il sera bientôt publié.

Cette semaine je retombe sur une vieille connaissance. Nous prenons le café et il se met à me parler de mon blog. Blog que je n’ai pas alimenté depuis plus an. « C’est vraiment dommage mec ! Tu as quelque chose, ne le perds pas. Il faut bosser, il faut t’y remettre. Ca ne tombe pas tout cru. Donne toi les moyens! » m’a-t-il dit en me regardant droit dans les yeux. C’est le genre de paroles qu’il ne jette pas en l’air. Ce n’était pas un conseil, c’était presque un ordre. Comme si je lui devais quelque chose. Trinquons à ça : au devoir.

Ce matin, le travaille n’est pas passionnant et encore moins urgent. Je découvre alors la joie d’avoir enfin Internet au travail. Lecture de mangas en ligne, site de vidéos inutiles mais très drôles, et puis un tour rapide sur mon blog. C’est étrange de se relire après tant de temps. Il y a du bon, il y a du moins bon, mais c’est moi. Au fur et à mesure que je relis mes lignes, une sensation étrange m’étreint les poumons. C’est une graine qui pousse à l’intérieur. C’est peut-être un nénuphar, et bientôt je vais mourir comme Chloé dans l’écume des jours de Boris Vian. C’est une sensation douloureuse, j’ai presque le souffle coupé. Je sais que c’est une expression un peu forte, mais c’est la réalité. J’ai soudain envie de pleurer et je ne comprends pas pourquoi. Mes collègues sont partis à la machine à café et c’est tant mieux, je préfèrerai qu’ils ne me voient pas dans cet état. Je laisse passer cinq minutes à regarder le plafond en tournant sur ma chaise de bureau. Pour penser à autre chose je décide d’aller jeter un œil aux blogs que j’avais mis en lien. Mes sites amis. Un terme étrange vu que pour la plupart nous ne nous connaissons pas. Ca ne m’empêche pas d’apprécier ce qu’ils font. En cela ce sont des amis. Je clique sur le premier site, celui à l’actualité la plus récente : Le Blavog.
Je lis, je lis, je lis, j’ai mal. Mon cœur s’accélère, mes poumons sont remplis de sensations étranges, comme si quelque main géante m’enserrait dans son creux. J’ai comprend enfin ce qui m'arrive. C’est comme si j’avais trouvé mon alter-égo idéal. Un dopplegänger venu m’annoncer que je suis un raté. Navo, c'est un peu l’autre moi que je projette en rêvant. Quand j’ai le cafard, je me grille une clope à la fenêtre et il m’arrive souvent de commencer une phrase à voix haute : « Un jour, je serai… ». Je ne finis jamais cette phrase, parce que je commence à chanter le générique de Pokémon, mais surtout parce que j’ai peur de dire à voix haute ce que je veux vraiment. Ce que je devrai avoir les couilles, le courage, et la détermination d’exiger de moi-même. Un jour je serai publié. Un jour je serai reconnu. Un jour je pourrai vivre de l’écriture. Un jour je gagnerai ma vie en faisant ce qui m’exalte le plus au monde. Un jour je me sortirai les doigts du cul, et je ferai les sacrifices nécessaires pour devenir enfin fier de moi.

Il y a une partie de moi-même qui s’est perdu en cours de route ces dernières années. Il me manquait quelque chose. Cette sensation douloureuse que j’ai ressentie, le nénuphar, c’était le vide en moi qui s’ouvrait grand. De lire mes textes, de voir des gens talentueux réussir parce qu’ils y croient, ces coïncidences qui se multiplient, je réalise soudain que je n’ai rien à faire dans ce bureau. Je réalise que ma vie ne devrait pas être celle-là. Le manque de temps c’est une excuse. Il y a tant de choses que je dois écrire, des idées qui se bousculent par centaines. Tout ça ne devrait pas passer au second plan. Cette douleur c’était de la frustration, c’était de l’impuissance. Tout ce temps perdu…

Qu’est-ce qu’il me reste à faire maintenant que j’ai réalisé?! Quitter mon job ? Tout plaquer ? Aujourd’hui je me suis retrouvé. Je bouillonne, je vais exploser, je ne sais pas comment faire, ni quoi faire. Trop de temps perdu à rattraper. Je veux me sentir vivant à nouveau, mais j’ai perdu le mode d’emploi.