lundi 26 mars 2012

Retrospectives...La flemme quoi!

     Bonjour tout le monde!

     Commençons par un constat. Quand je manque de sommeil, je suis irritable et improductif. Imaginez à présent que ça fait bientôt deux semaines que je n'arrive pas à dormir plus de X heures. Sachant que X = Y - 2, Y étant le nombre d'heures de sommeil que mon rythme biologique exige de moi. Bref, je suis très très irritable, désagréable au possible, et d'un laconisme qui frise le mutisme. Mais surtout, je suis léthargique. Et donc incapable de produire quoique ce soit.

    Mais parce que je vous aime bien, que je suis gentil, et que je suis assez imbu de ma personne pour vous fourguer des vieilleries juste histoire de vous occuper un peu, je vous propose de relire deux textes que j'aime beaucoup et que vous n'avez peut-être jamais pris le temps de lire.

Le premier parce qu'il représente tout à fait le niveau de psychopathie que j'atteindrai vers l'âge de 37 ans :
Le deuxième parce que les romans initiatiques animaliers se font trop rares ces derniers temps :



lundi 19 mars 2012

C'est quoi le bonheur?

           Tout le monde aspire au bonheur. D'une façon ou d'une autre, on a toujours besoin de plus que ce que l'on a, et on appelle ça le bonheur. C'est fabuleux parce qu'inaccessible. Chacun a sa propre vision de la chose. Moi le bonheur, ça serait gagner plein d'argent, en faisant ce que j'aime : écrire. C'est un joli rêve. On en a tous. On a tous ce petit rêve au fond de nous. On a tous un petit quelque chose en plus qu'on aimerait voir grandir. Une passion. Un espoir d'autre chose. Quelque chose qui nous fait frissonner. Ce moment où l'on arrive à jouer parfaitement cette chanson de Queens of the Stoneage à la batterie. On se dit que ça serait bien de pouvoir monter un groupe. Ce jour, au fond de l'amphi de droit commun, où l'on se rend compte que ce dessin gribouillé à la sauvette a vraiment de la gueule. On aimerait bien le montrer au plus de monde possible. Une recette préparée pendant trois heures passées à surveiller les feux et jongler avec les ingrédients. Apercevoir cette lueur dans les yeux de son invité lorsqu'il goûte la première bouchée. L'espace d'une seconde, on est un chef étoilé. Ces moments où tout semble parfaitement à sa place. Ces moments où ton coeur bat plus vite. Ces moments où tu sais qui tu es et pourquoi tu es là. Quand ton cerveau se vide et qu'un maelström d'émotions t'envahit. Le moment où tu n'es plus qu'une sensation. C'est à peu près ce que je ressens quand je suis devant mon PC et que mes doigts s'agitent sur le clavier. Une sensation de bien-être intense : c'est ça le bonheur ?

          Alors pourquoi j'ai laissé tomber le bonheur pendant si longtemps, si c'est ce que me procure l'écriture ? C'est là que les choses deviennent bizarres à vrai dire. Et c'est un peu le but de cet article. Il semblerait que je n'arrive à écrire que quand je suis malheureux, incomplet. Et il en a toujours été ainsi. Quand ma vie sentimentale était un bordel sans nom, quand la solitude et l'ennui du chômage me tuaient à petit feu, et à présent, un travail qui me donne envie de hurler à pleins poumons sur le monde entier. C'est dans ces périodes que l'inspiration arrive. Torrents de mots, idées qui affluent par centaines, le crayon n'est pas assez rapide pour tout capter sur mon cahier. Ça paraît logique vu de loin comme ça. Il est pas heureux alors il cherche le bonheur et le bonheur c'est l'écriture. Oui, c'est sûrement ça. C'est même tout à fait ça en fait. Mais alors expliquez moi la suite.
        Il y a deux ans, j'ai trouvé un travail qui me plaisait, et j'étais heureux d'y aller. Ma copine est venue emménager avec moi, et on a enfin pu commencer une vie à deux. Pendant deux ans j'ai eu beaucoup de temps libre, car des horaires beaucoup plus souples. Pendant ces deux années, j'ai été un homme épanoui. Un homme épanoui mais triste parce qu'incapable d'écrire la moindre ligne. Que des mots creux et des idées abandonnées dès la deuxième page. Ce n'est pas l'oisiveté qui ma empêché d'écrire. J'ai vraiment beaucoup essayé à cette époque. J'ai fourni beaucoup d'efforts sans abandonner. Ça n'en était que plus frustrant. Je me pose donc cette question. Pourquoi est-ce qu'il me serait interdit d'avoir le beurre et l'argent du beurre ? Etre épanoui à la fois humainement et artistiquement.

         Tout ça est un peu décousu je le reconnais. Mais pour moi le titre de cet article, c'est une réelle question piège. Ma notion du bonheur est toute relative car j'ai l'impression que quoique je fasse, une partie de moi sera dans l'ombre. Que quoi que je fasse, une part de regret m'habitera toujours. Ma recherche du bonheur serait un chemin de croix sans fin ? Dans ce cas là, à quoi me servirait-il de le chercher ? Je n'ai qu'à rester un éternel frustré. Mais ça non plus ça ne me convient pas. Je ne suis pas un poète maudit, pas plus qu'un dépressif chronique. Les gens qui me connaissent le savent bien, je suis un optimiste convaincu. Je ne fais même pas exprès, mais je sais que demain sera meilleur. Je le sais c'est tout. Alors en attendant, je vais continuer de chercher des réponses à cette question. Quand j'aurais trouvé, je vous dirais. Peut-être demain ?Après demain ? Dans dix ans ? On verra bien.

Allez, des gros bisous.

vendredi 16 mars 2012

This is the End - Episode 3.5

L’inspecteur Malterre est une personne extrêmement pragmatique. Plus qu’un trait de caractère, c’est un mode de vie. Une chose qui dicte ses actes au quotidien depuis près de 45 ans. Rien ne semble jamais l’étonner. Lorsque le téléphone sonne pour lui annoncer cette étrange affaire en cours à La Défense, il ne cille pas. Un poisson géant qui tire sur tout ce qui bouge dans les couloirs du RER A et une équipe de snipers déguisés en bonhommes Cétélem dans les immeubles du parvis. La seule chose qu’il a retenu de ce coup de fil, c’est l’impressionnant nombre de victimes et l’urgence de la situation. Sans doute l’affaire la plus grave de sa carrière. Mais là où certains se mettraient à courir en tous sens, paniqués devant l’urgence, l’inspecteur Malterre souffle sur son café brûlant puis en boit une gorgée qu’il savoure en fermant les yeux quelques secondes. Il repose son mug qu’il éloigne d’un geste lent avant de reprendre le combiné du téléphone. "Martin, met moi en contact avec le groupe d’intervention de la gendarmerie, c’est urgent." dit-il de façon posée en détachant chacun de ses mots. Il raccroche et regarde pensif le café fumer dans le cadeau de fête des pères que sa fille lui a offert l’an dernier. Il sait qu’il n’aura plus le temps d’y toucher pour le restant de la journée, peut-être même avant plusieurs jours si les choses se compliquent. Le téléphone sonne de nouveau. C’est le GIGN. Il prend une grande inspiration avant de décrocher.



"Vous avez bien compris, silence radio tant qu’on n’a pas établi de contact avec la cible." Tout le monde hoche vigoureusement la tête en signe d’assentiment. "Bon, formez les équipes on y va." Dans les tunnels vides du RER A, quatre groupes de six personnes s’organisent en silence. Le commandant Legrand fait un signe des deux mains et la troupe se met en branle au pas de course. Le trafic du RER a été arrêté, mais il y a quelque chose d’oppressant à se déplacer ainsi librement dans ces tunnels, éclairés à la seule lumière de quelques ampoules rouges et blanches éparses. Le claquement des pas et le cliquetis métallique de l’équipement résonnent. Tous les sens sont en alertes, à l’écoute du moindre bruissement suspect, à l’affut de n’importe quelle ombre fugitive. La lumière de la station se rapproche, les chefs d’équipe dialoguent avec les yeux. A l'aide de quelques gestes rapides le commandant divise les groupes. Deux équipes remontent les escaliers qui mènent au quai tandis que deux autres continuent sur les rails surveillant leurs arrières et les hauteurs. Ils balayent rapidement le niveau. RAS. La tension monte d’un cran, ils vont devoir monter. Tactiquement, la situation devient réellement compliquée, trop de surface, trop de caches. Ils vont devoir se séparer et redoubler de prudence. Une équipe par escalator. Les hommes se préparent. Selon les témoignages qu’ils ont étudiés sur le chemin, le type possède une sacrée puissance de feu et est du genre énervé. Du genre impitoyable. Le fait qu’il ressemble à une publicité n’a aucune espèce d’importance. Cet individu est dangereux et armé, si jamais ils le voyaient, il faudrait l’abattre sans hésiter. Les mains se resserrent sur les SIG-550. Du bout des doigts, chacun vérifie que la sécurité est bien ôtée. L’escalator remonte lentement les hommes dans un silence mécanique. Une transpiration acide suinte sous leurs aisselles tandis qu’ils pointent leur arme à la recherche du criminel au signalement le plus absurde de toute leur vie. L’escalator arrive en fin de course. Comme un seul homme, ils accélèrent en synchro et se répartissent en miroir de part et d’autre de l’escalier mécanique. Les respirations sont lourdes, les bouches sont sèches, mais leur concentration est sans faille. Chacun couvre l’autre et les groupes avancent à pas mesurés dans le dédale de La Défense. Trop de piliers, trop de boutiques, c’est un enfer pour les nerfs de surveiller un endroit pareil. Tellement d’embuscades possibles. Et s’ils étaient plusieurs ? Ils se feraient massacrer sans même avoir le temps d’appeler à l’aide. Trop penser ne mène à rien.



Soudain le lieutenant Rémy l’aperçoit, son cœur manque de sauter hors de sa poitrine. Il le voit. Le suspect. Croustibat, en chair et en arrêtes. Mâchoires carrées, peau jaune et luisante, petit bonnet blanc vissé sur le coin de la tête, T-shirt bleu qui ne rime à rien, biceps saillants, kalashnikov en main et sourire carnassier. Aucun doute c’est bien leur homme qui les attend tout sourire, à une dizaine de mètres, pas embusqué pour un sous. Pas d’hésitation. Il ajuste et tire dans un mouvement rapide. Une première salve d’une dizaine de balles. "Equipe Delta, je l’ai en visuel" dit-il sobrement dans son micro en balançant une deuxième salve. Le poisson jaune ne bronche pas. C’est comme si toutes les balles avaient manquées leur cible. Les hommes de son équipe essayent à leur tour. Tous les six tirent ensemble plusieurs salves sur la friture sagement immobile. Aucun projectile ne l’atteint, mais plus étrange encore, on n’entend aucun impact de balle. Ni contre lui, ni contre les murs, les piliers ou bien vitrines environnantes. C’est comme si les balles se volatilisaient à son contact. Le sourire de Croustibat s’élargit à mesure que les chargeurs se vident. Ses grands yeux noirs sont écarquillés dans une grimace démente. Des yeux d’un noir profond, sans aucune lueur de vie. Le sourire féroce d’un monstre qui s’apprête à bondir. Un gros doigt jaune s’avance vers la gâchette de la kalash. Le feu des armes cesse, ils ont compris. C’est au tour du gros poisson jaune d’essayer, et quelque chose leur dit que lui n’aura aucun souci, lui, à faire mouche. Le lieutenant Rémy plonge à couvert. Le feu de l’enfer se déchaîne dans son dos. Les balles volent en tous sens. Il a trouvé refuge derrière une de ces grandes poubelles rondes en métal sur laquelle les balles viennent ricocher en lançant des étincelles. Il se risque à jeter un coup d’œil. Trois hommes à terre, étourdis par le choc des balles sur le gilet pare-balle ou bien blessés aux membres. Il ne reste que deux valides planqués derrière un pilier et à l’angle d’une croissanterie. Ceux-là continuent d’arroser la monstrueuse pub qui avance lentement mais inexorablement dans leur direction. Le lieutenant profite que l’attention de Croustibat est focalisée sur ses camarades d’infortune pour tenter une sortie. En quelques pas ramassés il rejoint les blessés et les traine un à un derrière son abri poubelle. "Equipe delta, on a trouvé notre poisson. Besoin de renfort, trois hommes à terre." annonce-t-il dans son micro. Dans le vaste hall et dans ses écouteurs il entend des coups de feu qui résonnent et une voix essoufflée. "On a des problèmes aussi de notre côté, et je crois que les deux autres équipes ont été complètement annihilées. Il faut se replier d’urgence et …" La communication coupe brutalement. L’inspecteur avale difficilement le peu de salive qu’il lui reste. Un cri horrible lui parvient depuis la croissanterie. "Il y en a deux !" hurle un des hommes tentant de s’échapper avant de se faire littéralement coupé les jambes par le tir croisés de deux kalashs. Il s'effondre dans un hurlement déchirant. L’homme caché derrière le pilier tout près d’eux jaillit en hurlant hors de sa cachette. Il bondit sur le dos du plus proche poisson et abat à plusieurs reprises son couteau dans la face jaune. La lame pénètre et ressort sans effort, mais surtout sans séquelle. Puis dans une ultime tentative désespérée, le couteau s’enfonce droit dans le chapeau marin. Le visage rieur de Croustibat se transforme alors en un masque hideux, mélange de douleur et de rage. Une gigantesque colonne de sang noir et visqueux s’élève hors de la blessure. Un cri, comme un rugissement, comme la terre qui s'ouvre en deux emplit alors l'espace de la station. Le gendarme intrépide lâche immédiatement prise, terrifié, et se laisse tomber au sol pour prendre la fuite, mais Croustibat le furieux et son acolyte Croustibat rieur, fraîchement débarqué dans l'arène, le criblent de balles. Il s’étale au sol en glissant. Les poissons n’enlèvent pas pour autant le doigt de la gâchette et continuent de le mitrailler sans relâche, le transformant peu à peu en une masse tressautante et sanguinolente. Une bouillie d’humain. Le lieutenant Rémy n’ose plus regarder. Les deux mains crispées sur son arme, il ferme les yeux et récite nerveusement une prière. A côté de lui gisent les gendarmes inconscients. Le lieutenant Rémy sait que son heure est bientôt venue, il espère juste que ça ne sera pas trop douloureux. Il a fini sa prière et remplace le chargeur de son arme. Un dernier barouf, pour l’honneur. Maintenant, il a peut-être une chance de leur survivre, il connaît leur point faible.



Dans l’une des fourgonnettes du groupe d’intervention, un homme écoute calmement les gendarmes du GIGN se faire massacrer les uns après les autres. Il les avait mis en garde sur les risques tactiques d’une telle opération, mais personne n’avait cru bon de l’écouter. Surtout pas le commandant Legrand. Selon lui, le nombre d’hommes était suffisant pour appréhender un seul individu puis déloger les snipers de leur cachette. Maintenant, il ne peut plus admettre son erreur car il est mort. L’inspecteur Malterre vient de l’entendre pousser un râle douloureux puis quelques gargouillis sanglants avant de rendre son dernier soupir. Son pragmatisme lui a encore sauvé la vie, une fois de plus. Il avait promptement refusé de les accompagner sur le terrain. "Je suis un homme de bureau à présent leur avait-il répondu, mes réflexes sont émoussés. Je sais encore tenir une arme, mais rien de dit que je sache encore m’en servir convenablement." Ils étaient partis au combat, le méprisant intérieurement pour son manque de courage. Oui, mais il était en vie. Que faire à présent? Une chose est sûre, il ne peut plus sauver ces hommes, perdus au milieu d’un stand de tir au pigeon. L’ennemi est en nombre inconnu, et il possède des moyens inconnus. Il manque trop de données à l’inspecteur pour échafauder un plan. Et ces cris de douleurs dans ses oreilles l'empêchent de se concentrer. Il enlève ses écouteurs, incapable d'en supporter d'avantage. La radio de la fourgonnette est H.S pour une raison inconnue. Impossible de joindre le commissariat. Il a bien essayé de téléphoner pour appeler des renforts, sans succès. Le réseau est saturé. Seules les communications à courte portée de l’équipe continuent de fonctionner correctement, relayant les cris de panique et les coups de feu dans le casque audio. Il doit retourner au commissariat et alerter le préfet, voir le président. C’est l’apocalypse là-bas. Ce n’est plus du GIGN dont on a besoin, c’est de l’armée. Il met le contact et démarre la fourgonnette. L’inspecteur Malterre a subitement très envie d’un café.

dimanche 11 mars 2012

Résolutions

                Il y a peu, je pétais un câble en direct live sur mon blog et annonçait à grand renfort de cris et de roulades de judo que ma vie allait changer. Avec un grand ‘C’ comme dans Caca. Que l’année 2012 serait celle de la révolution ! Allez tout le monde, on lève le poing en l’air. Eh bien, avec quelques semaines de recul, je me rends compte que faire de grandes annonces comme ça à tire-larigot, ça ne mène pas à grand-chose, sinon à me faire passer pour un gros rigolo. Voilà trois choses concrètes que je dois garder à l’esprit pour avancer vers mon but, qui, je vous le rappelle pour les nouveaux venus, est de dominer le monde (de la littérature).

1°) Je ne suis pas seul

                Au fur et à mesure des following qui se rajoutent à ma liste sur Tweeter, je me rends compte que des gens talentueux dans le domaine de l’écriture, il y en a un sacré paquet. Des gens qui ont essayé beaucoup de choses, vécu de leur plume, des gens prolixes qui tiennent leur blog avec assiduité, des gens qui en veulent. Je pense notamment à LeReilly, pour ne citer que lui, qui a un blog 3000 fois mieux que le mien et beaucoup de talent (mais qui est cul-de-jatte et schizophrène : on ne peut pas tout avoir dans la vie). Moi qu’est-ce que j’ai fait en 3 ans ? 40 posts et un manuscrit impubliable ? Bon, tout est dit. Donc voilà une première chose à garder à l’esprit : je dois rester humble. Je ne suis pas l’écrivain de génie que je pense être, je suis juste un écrivain très doué. Très très doué.

2°) Un peu d’organisation et au boulot bordel de merde !

                Vu que tous les jours je me lève à 7 heures et que je rentre chez moi vers 20 heures, dans la semaine je n’ai que mon temps de transport en RER et parfois quelques insomnies pour pouvoir écrire. En plus de ça, il faut que je sois au four et au moulin en même temps. Continuer de tenir ce blog, tout en essayant de faire de la sombre merde que j’ai pondu il y a 4 ans un chef d’œuvre de la littérature.
C’est d’ailleurs ce dernier point qui est censé être ma priorité numéro un du moment. J’ai juste un peu de mal à me concentrer là-dessus, surtout quand des gens comme Navo s’amusent à me reTweeter, faisant passer les vues de mon blog de 100 par mois à 500 en deux jours. Comment dire ça me fait une sorte de fussoir (c’est un truc bien en gros). C’est vrai que ce blog, c’est un peu un laboratoire d’expérimentation pour moi. Un endroit où je peux me lâcher, essayer des trucs, bref m’amuser. La facilité.
Alors que mon manuscrit, c’est un peu le boulot après le boulot. Le gros œuvre est nickel : persos, pitch, déroulement de l’histoire. Pas grand-chose à toucher. Le truc sur lequel ont vraiment insisté tous les éditeurs qui m’ont fait un retour c’est le style. « Une histoire intéressante et bien développée, mais le style manque de finesse. Trop brut… » J’ai mis du temps à le digérer ça. Bah oui, je vous y verrais si on vous disait que votre bébé est moche : ça vous ferait plaisir ? Bref, il est sorti comme ça, moi je le trouvais mignon…Mais avec quatre ans de recul, un peu plus de bouteille, et pas mal de bouquins en plus dans ma bibliothèque, je me rends bien compte qu’ils avaient raison. Enculés. Voilà, je me suis mis en tête de refaire la déco d’une maison que je connais par cœur, et ça c’est difficile. Mais il faut que je le fasse, sinon je ne pourrais jamais passer à autre chose. On ne devient pas célèbre en tenant un blog hein ? Ca se saurait sinon.
Donc résolution numéro 2 : Prendre plus de temps pour bosser mon manuscrit. Je vous encourage d’ailleurs à me demander régulièrement où j’en suis sur FB ou Twitter. Si la réponse ne vous paraît pas satisfaisante, je vous autorise à venir me casser les jambes avec une bonne batte de baseball des familles.

3°) Have fun !

                Sûrement la plus importante de toutes ces résolutions. Il y a une différence entre vouloir bien faire les choses, et devenir trop sérieux. Il ne faut pas oublier le plaisir que je retire de l’affaire. Si je ne m’amuse pas, ça veut dire que ce n’est pas bien écrit. Aussi simple que ça.


                Bref, j’ai encore aligné beaucoup de mots pour pas grand-chose, mais je suis ainsi fait. C’est mon côté exhibitionniste. On rigolera bien de tout ça en relisant cet article dans un ou deux ans, quand je serai best-seller, je roulerai en porsche et j’habiterai dans une villa sur la Lune.

jeudi 8 mars 2012

Jeux de maux

Il y a des fois où je me dis que rien ne vaut vraiment la peine. Certains foies disent la même chose, mais il ne faut pas les écouter : ce sont des organes déprimants. Il faut avouer qu’ils ont un boulot de merde, un peu comme le côlon…


Christophe de son prénom. Un type épatant. Visionnaire, navigateur, découvreur, ferrailleur et tout et tout. Le genre de type qui, pour la gloire et la postérité, n’a pas peur d’envoyer un équipage entier se faire dévorer par le score…


But de Ronaldo à la 9ème minute ! Une fantastique tête toute lisse, remplie de dents et d’yeux, tout droit dans la lucarne. Le ballon à failli déchirer le filet.


Ce qui n’aurait pas plu au pécheur qui le surveille hagard depuis le début de la rencontre. Il a l’air de se demander ce qu’il fait là, et pourquoi il a bien pu décider d’installer ses rets sur un terrain de football.


C’est vrai qu’une raie ça vit dans la mer normalement, et c’est sûrement pour cette raison qu’elles font Flipflap sur le gazon.


Heureusement pour lui, il y a Jésus dans les tribunes. Remettre les pêcheurs dans le droit chemin c’est son DaDa. Ils s’en vont donc bras dessus bras dessous, se font des bisous, et sautillent en fredonnant Critique de la raison pratique de Kant (un tube à son époque) sur l’air de La Bohême.


Le publique se lève alors dans une hola enflammée parce que Jésus vient encore de sauver le monde, mais surtout parce que le feu ça brûle et c'est joli.



Des fois, je me relis et je me demande comment j’ai fait pour en arriver là. C’est vrai, je ne sais même pas nager! C’est dans ce genre de moments que je me dis que rien ne vaut vraiment la peine. Certains foies disent la même chose, mais il ne faut pas les écouter…

samedi 3 mars 2012

La soirée

Parti fâché. Elle est restée à la maison et moi je suis là, à cette soirée où je ne connais plus personne. Mon ami est parti plus tôt, m’abandonnant avec des presque-inconnus. Des gens aperçus de loin dans d’autres soirées, des gens croisés sur internet le temps d’un tweet. Comment commencer une conversation dans ces conditions ? Je ne suis pas quelqu’un d’un abord très avenant quand je suis seul. Je me fige, je me ferme, je me rends imperméable au monde qui m’entoure. Observateur silencieux d’une foule hilare de bloggers éméchés. Je discute avec la serveuse en sirotant ma vodka-tonic, jetant de temps en temps un coup d’œil distrait aux gesticulations de mes pairs. Parfois, on m’adresse quelques mots complices, sur un sujet auquel je suis censé comprendre quelque chose. Je ris de bon cœur, et gratifie l’inconnu venu me parler d’une tape franche sur l’épaule. Trop ouf ! Tu déchires mec. Je ne sais pas qui est cette personne, pas plus qu’elle ne sait qui je suis. Nous cherchons une proximité artificielle par des moyens détournés. On trinque et après une gorgée il s’en va rejoindre un groupe, comme les autres. Je commence à me sentir un peu seul dans ce bar bondé. Je regarde mon verre déjà vidé par le manque d’interaction sociale et me demande si un autre verre arrangera les choses. Je me retourne vers la serveuse. Une autre vodka-tonic s’il te plaît. J’ai demandé ça sans réfléchir, un sale réflexe.

                Et toi, tu sais sûrement qui c’est ça ?! On me brandit un smartphone devant les yeux affichant le visage goguenard de TrollFace. Je regarde le type. Un hipster hirsute à grosses lunettes noires et gilet, la mine sympathique. C'est Trollface je lui réponds dans un hochement d’épaules. Il se retourne vers une fille blonde aux lèvres très rouges. Tu vois, je te l’avais dit ! Tout le monde ici connaît ce truc-là. Elle est plutôt jolie. Elle se défend avec mauvaise humeur. Oui, mais c’est parce que vous êtes des geeks. La sentence tombe. Nous faisons partie d’une sorte de caste de parias à ses yeux semble-t-il. La pique me touche, le débat est lancé. Mais, qu’est-ce qu’un geek ? Débat stérile et maintes fois abordé, mais parce qu’on me donne enfin l’occasion de parler, je me lance dans la bataille. Nous discutons tous les trois de ce qui est censé faire de nous des gens à part. « Mais t’inquiètes, je comprends. J’ai quelques amis geeks très gentils. » De la hype de ces dernières années autour du geekisme. « Tout le monde est geek de nos jours. » « C’est pas parce que tu achètes des trucs sur internet que t’es un geek ! » Nous remontons aux origines sémantiques et culturelles du mot, alors qu’aucun de nous n’est un américain de plus de 50 ans. Les voix s’élèvent, on argumente à grand renfort de gestes. Des gens nous rejoignent. La soirée prend un tour intéressant. Sur la défensive il y a peu, Carole se déride enfin. Peut-être que ce n’était pas une mauvaise idée d’avoir accompagné son ami Bruno. Je me dis que c’est ce qu’elle pense, car elle sourit en croisant mon regard. Je lui rends son sourire. Elle a de très beaux yeux verts et une bouche sensuelle d’un rouge  terrible. Le genre de fille qu’on ne peut pas s’empêcher de regarder.

                De nouveau seul au milieu de la foule, une foule de fumeur dehors sur la terrasse, mais cette fois-ci Carole m’accompagne. Nous fumons une cigarette, assis à une table, discutant littérature et théâtre. Elle étudie l’art dramatique, une actrice en devenir. Malgré son look de fashionista parisienne, c’est une provinciale arrivée il y a quelques mois. Une surprise pour moi. Je me dis qu’elle a rapidement assimilé les tics de langage et d’habillage local, tout le monde s’y serait trompé. Je l’observe expulser négligemment la fumée par le nez entre deux phrases, repousser ses cheveux d’un seul côté du revers de la main, passer une langue humide sur ses lèvres. Chacun de ses gestes est savamment calculé, travaillé pour produire un certain effet sur son interlocuteur. Ça marche, je suis sous le charme de ses vingt-deux printemps. Elle a un petit copain, le barbu au smartphone, moi j’ai une femme qui m’attend à la maison, ça ne nous empêche pas de continuer innocemment ce petit jeu de la séduction. Les cigarettes sont finies, mais aucun ne songe à remonter au chaud. Je regarde sa robe pull aux larges rayures multicolores glisser le long de son épaule. C’est comme un supplice. Tandis que nous discutons, le tissu glisse un peu plus sur son bras et je peux apercevoir la dentelle de son soutien-gorge, les tâches de rousseur sur ses seins ronds. C’est ce moment qu’elle choisit pour remonter sa manche, juste assez pour qu’elle puisse glisser de nouveau. Elle joue les ingénues et fait mine de ne pas remarquer mon regard qui parcourt son corps. Sa nuque est découverte et ne demande qu’à être effleurée du bout des lèvres. La toucher. J’ai soudain l’irrépressible envie de poser ma main sur son corps. Sentir la chaleur de sa peau sous mes doigts. J’aimerai la voir nue. L’observer quelques temps en laissant vagabonder mes doigts sur ses jambes, effleurer son sanctuaire, caresser son ventre et ses seins. Elle m’attirerait à elle d’un geste lascif, pressant ma tête contre son corps. La réalité se trouble.

Elle a profité de mon absence passagère pour s’approcher, la voix épaissie par la fumée elle me glisse à l’oreille : tu n’écoutes plus Adrien. Je frissonne. Est-ce que c’est réel ? L’alcool brouille mes sens. Ses cheveux qui me chatouillent le nez, ses lèvres qui frôlent les miennes lorsqu’elle recule dans un nuage de fumée. C’est bien réel. Elle me provoque. Je n’aime plus ce jeu. Elle a dépassé la limite que traçait mon rêve éveillé. Je me lève et recul hésitant. Carole s’allume une nouvelle cigarette et me regarde m’enfuir d’un air amusé. Son regard semble me dire « C’est ce que tu voulais n’est-ce pas ? ». Ce que je voulais…Je n’en sais rien. Sentir le fantasme d’une vie cavalière naître en moi peut-être. Partager quelques heures auprès d’une jolie inconnue. Oui c’est vrai, qu’est-ce que j’espérais au juste ? Debout sur la terrasse, je la regarde se cambrer sur sa chaise pour faire craquer son dos dans un murmure de soulagement. Une bulle de désir remonte en moi. Ce corps insolent… Je vais y aller je crois, lui dis-je avant de m’éclipser sans un regard en arrière. Je sors une clope, les doigts tremblants. Ils sont gelés. Combien de temps est-on resté dehors à discuter ? Il est deux heures du matin, je suis fatigué et j’ai froid. Je n’ai plus qu’une seule envie : rentrer chez moi et presser mon corps contre celui de ma femme. La serrer dans mes bras et l’embrasser dans le cou. Elle se retournera dans un demi-sommeil pour m’embrasser et m’enlacera de ses bras brûlants. La douce chaleur de son corps. L’odeur de sa peau moite de sommeil. Oui, c’est ça que je veux, c’est la réalité que j’ai choisi. Etre auprès de la femme que j’aime, pour le restant de mes jours. Paris voit déambuler un cortège de gens saouls et je suis l'un d'eux. Je lève le bras et réussi à arrêter un taxi. La vitre se baisse et le chauffeur se penche vers moi. Il jauge mon état d'un rapide regard vertical avant de me demander. Vous allez où? Je souris malgré moi. A la maison.