mardi 28 juillet 2009

Un jour comme un autre...

Ca avait commencé dès le matin au réveil. En sortant du lit, il lui manquait son pied gauche. Des petites choses comme ça qui font qu'une journée commence mal.
- Tu n'aurais pas vu mon pied chérie? lui avais demandé Nicolas en cherchant sous le lit.
- Hier soir, tu l'as pris un court moment et ensuite tu t'es endormi. Je ne sais pas ce que tu en as fait moi. Avais répondu Elise en changeant le filtre de la cafetière. Une brave fille cette Elise, elle supporte toutes les excentricités de son copain avec flegme. Une jolie fille un peu bête, mais pleine de bon sens. Sans son café elle n'arrive jamais à rien, alors elle s'en prépare un avant d'aider Nicolas à chercher son pied.


Il était dans la douche. Les trente minutes qu'il a passé à fouiller le duplex ont finit par le mettre de franchement mauvaise humeur. Nicolas n'a pas eu le temps de prendre un café, lui, il a juste eu le temps de prendre le bus. Un bus plein de gens qui lui ressemblent, les coins de bouche tendant vers le bas, les yeux vitreux. Il n'a même pas eu le temps d'enfiler de vêtements, ça lui arrive souvent. Mais le temps c'est de l'argent, il lui suffira donc d'arriver en avance pour pouvoir s'acheter un costume flambant neuf une fois arrivé à la gare. Soudain quelque chose vient s'écraser violemment contre son crâne dans un bruit mat.
- Jeudi! s'exclame-t-il en se protégeant la tête avec les mains.
- Quel sale temps pas vrai? lui adjoint son camarade de bus avec une mine compatissante. Ca faisait longtemps qu'il n'avait pas plut des cordes par-ici. Celles-là ont même des noeuds dites-donc.
Nicolas contemple le noeud marin qui git à ses pieds en songeant qu'il devra aussi s'acheter un parapluie.


Le nez dans sa feuille, Nicolas a du mal à respirer, alors il recule un peu. Voilà, c'est bien mieux maintenant. Enfin pas vraiment. Sur la feuille il y a des chiffres et des lettres de différentes tailles, assemblées aléatoirement en cercles concentriques, qui tournent en sens inverses les uns par rapport aux autres. Il ne comprend pas ce qu'il doit faire. La seule indication lisible est le titre: "CECI EST UN TEST", écrit en caractère gras, italique souligné, et police gothique. Bien qu'il ai étudié le norvégien trois années durant, il ne comprend pas bien ce qu'il doit faire. Les gens autour de lui grattent frénétiquement des piles de feuilles de brouillon avec leurs ongles acérés. Ce sont tous des rapaces, il paraît que c'est ce que recherchent les employeurs dans son secteur. Résigné, Nicolas regarde au-dehors, à travers la large baie vitrée du bureau dans lequel il l'ont installé. Il a arrêté de pleuvoir. Les nuages ont de jolis sourires et de longs cheveux soyeux. Il fait beau.


- Bien, montrez moi votre CV jeune homme. Lui demande le RH à grosse tête. Nicolas lui pointe du doigt un bout de papier qui traine sur la table.
- Très bien jeune homme! s'exclame-t-il étonné. Vous avez un superbe sens de l'observation. Il était, en effet, sur la table! Il marque une pause, admiratif, avant de reprendre. Je vois également que vous n'avez fait aucune faute à notre test de logique.
- Je n'ai répondu à aucune question Monsieur...Répond Nicolas d'un air las.
- Oui mais au moins, vous ne chiez pas sur les sièges, et vous ne foutez pas des plumes partout comme les autres! Il part soudain dans un grand rire vaginal, aigu et hoquetant. Il rigole tellement bien qu'on dirait qu'il va s'étouffer. Nicolas, pragmatique se lève et fait le tour de la table. Il lui assène une grande gifle puis va se rassoir.
- Vous m'avez sauvé la vie! J'ai failli mourir de rire! Comment avez-vous su?
- Vous étiez bleu Monsieur...Et puis vous ne respiriez plus...
Le RH essuie du revers de la manche les quelques larmes qui glissent contre sa joue et reprend son souffle, un sourire goguenard aux lèvres.
- Vous me plaisez beaucoup jeune homme!!
- J'ai 67 ans Monsieur...
- Et bien moi j'en ai 35. Voilà, les présentations sont faites!
Le recruteur à grosse tête se lève et lui tend la main, visiblement ému. Nicolas l'imite sans trop de conviction. Ils se serrent la main.
- Vous commencez demain! A bientôt!


Sur le retour il avait plut aussi, mais des chiens et des chats cette fois, car il y avait un anglais dans le bus. Il avait raconté sa journée à Elise. La pluie, les rapaces, le RH à grosse tête...Elle avait sourit et l'avait embrassé tendrement.
- Tu as passé une dure journée...euh...
- Nicolas.
- Oui, c'est ça! Tu as passé une dure journée Nicolas. Prends un bon café et ça ira mieux.
Le café semblait régler tous les problèmes d'Elise, mais pas les siens. D'ailleurs que faisait elle à la maison toute la journée à part en boire des litres entiers?
- C'était un entretien pour quoi au fait? lui demande-t-elle soudain en amenant la cafetière à sa bouche.
- Je ne me souviens plus...Je verrai demain.

4 commentaires:

cindü a dit…

je suis pas décue dis donc!!!!!!!!
c'est trop bien ce post, heureusement que je ne t'ai pas dérangé plus longtps.

un mot j'adore!

ps : je viens de casser ma cafetiere et je suis desespérée....

Le buveur de Leffe maské a dit…

Deux choses, la première : longue attente, mais quand c'est long c'est bon.
La deuxième : ça troue le cul (sinon je pensais aussi te dire que je trouvais ça un peu Lynch-ien, mais après réflexion ça m'a paru pour le moins pompeux) !
Continue comme ça mon choux.

Héloïse a dit…

C'est très joli. Tu mixes un peu tous les temps au début (ça c'est un com de mon papy -je t'ai dit: il lit ton blogue), mais j'aime bcp (lui aussi d'ailleurs). Je continue à diffuser ton blog outre-atlantique (et non pas outre-quiévrain).
bises

RiyeT a dit…

Merci c'est gentil à vous de continuer à me lire malgré ma panne d'inspiration. Je vais faire des efforts pour être plus régulier, promis!