dimanche 3 mai 2009

Un jour votre voisin vous tuera...Et vous adorerez ça! (FIN)

A l’intention de Joëlle Moche
22 rue Saint-Abri
92220 Bagneux


Bonjour,


Si vous parvenez à lire ces lignes Mlle Moche, c’est que je suis un très mauvais assassin. Il faut dire que je ne suis pas doué pour grand-chose, à part bien sûr ne rien faire, et être con. Mais cela je vous l’avais déjà expliqué dans ma première lettre.

La jaune est près du pc et la noire est près de la table. Je vous parle de mes chaises bien entendu. J’ai finalement réussi à les différencier. Et puis la police est arrivée. Et ils ont tout mélangé. Du coup, de mon lit j’arrivai à voir ma troisième chaise, mais celle là, je ne parviens toujours pas à me souvenir de quelle couleur elle était. Soit jaune, soit noire, ça c’est une chose certaine.

Désormais je ne suis plus seul. J’ai un compagnon de cellule formidable. Nous échangeons nos nouvelles et participons à des lectures et des concours de poésie. Son écriture est légère et pleine de lyrisme. Nous discutons mobilier et excrément également. Malgré l’excellente compagnie qu’il m’a été donné de rencontrer ici, j’en viens tout de même à regretter mes chaises. Heureusement, je peux lire et ne rien faire à loisir dans ma nouvelle résidence.

Notre rencontre fut brève, mais d’une intensité remarquable. Vous m’aviez ouvert la porte, superbe. Je vous avais offert des tulipes rouges en vous disant que vous étiez aussi belle que je me l’étais imaginé. Vous aviez alors enfourné deux fleurs dans votre bouche. Les lèvres débordantes de pétales, vous m’aviez sourit. Je vous avais donc explosé la tête d’une balle de Colt à bout portant. Je vous serai gré de pardonner mon empressement à ce moment précis. Mais vous sembliez si heureuse que j’ai voulu vous laisser partir sur cette dernière impression.

Mlle Moche, laissez moi vous dire que vous aviez un goût excellent. Je me suis permis de faire le tour du propriétaire une fois ma lubie pleinement accomplie. Le vin que j’ai trouvé sur votre table est sans doute le meilleur vin que j’ai jamais goûté de ma vie. Un château Margaux si je me souviens bien. Une excellente année de surcroît. Il est dommage que vous n’ayez pas pu profiter un peu plus longtemps de cette vie hypocrite et confortable. Mais que voulez-vous, je n’aime pas faire les choses à moitié, surtout une fois que j’ai décidé de faire quelque chose (ce qui est assez rare).

Bref, je tenais à vous remercier de m’avoir permis de vous tuer, et aussi pour le verre de vin. Vous pouvez donc reposer en paix. Pour ma part, je m’en retourne à mes lectures.

Bien à vous, M. Leblanc, votre assassin.

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