Je vais reprendre l'écriture de cette histoire débile de fin du monde sur fond de marques de pub. Pour ceux qui ne l'ont jamais lu, il y a de la violence, des combats, du WTF, et bientôt je l'espère du sexe trans-genre alors je vous engage sérieusement à les lire dans l'ordre. Voici les liens des premiers épisodes:
Episode 1: ICI
Episode 2: ICI
Episode 3: ICI
Episode 3.5: ICI
Episode 4: ICI
Pour ceux qui sont à jour, bonne lecture!
On a trop souvent tendance à croire que l’être humain est une chose fragile. Qu’un souffle de vent suffit à nous enrhumer. Une marche ratée, une chute, et c’est un bras cassé. Pourtant l’être humain est une machine étonnamment résistante, aux mécanismes complexes, voire parfois incompréhensibles. Il est des fois où la puissance mystérieuse du corps humain se manifeste de façon déconcertante.
Benjamin donc, déambule d’une démarche aléatoire dans les rues de la Défense. Costume noir, chemise blanche, cravate fine, le tout constellé de tâches de sang. Une balle de gros calibre a traversé sa tête de part en part sans pour autant le tuer. Une aberration médicale. Un miracle. A l’avant de son crâne, en plein milieu du front, se trouve un trou de la taille d’un poing d’où a giclé un bon tiers de son cerveau. C’est d’ailleurs la première chose qu’il a aperçut en se réveillant, les petits morceaux rosés de son cerveau éparpillés dans une flaque luisante aux reflets écarlates. « Ça ressemble à du vomi » s’était-il alors dit en souriant. Mais rapidement, la sensation étrange qu’un courant d’air lui traversait la tête de part en part lui révéla la nature de la flaque dégoulinant dans les escaliers menant aux sous-sols de La Défense.
Benjamin avance donc, le pas hésitant, affaibli par une belle perte de sang. Plus que la faim et le froid qui le tenaillent, il ressent une angoisse grandissante de perdre le reste de sa manière grise. Ainsi, il progresse les deux mains plaquées au milieu du front, contre son nouveau trou de balle. Ses doigts sont poisseux du sang qui a coagulé et des restes de liquide encéphalique. La rue est déserte. Le bruit des coups de feu et les informations sur la fusillade ont cloîtrés les locaux chez eux. De temps à autre, Benjamin surprend du coin de sa vision trouble des paires d’yeux qui l’observent. Depuis leur balcon, derrière leurs rideaux. « Bande de baltringues ! leur hurle-t-il. Ça vous raclerait l’anus d’appeler une ambulance non ? » Immédiatement les curieux disparaissent, laissant Ben, vagabonder seul dans les rues.
Il ne sait plus vraiment pourquoi il marche. Il marche pour s’éloigner du AK47 de Croustibat, il marche pour échapper aux fusils snipers de Cétélem. Il marche vers où, il ne sait pas. Soudain, il s’immobilise et se retourne prudemment vers la vitrine du magasin qu’il vient de dépasser. « Mais c’est ça qu’on veut ! » s’exclame-t-il si fort qu’il sent les restes de son cerveau gigoter dans sa boîte crânienne. Les yeux comme deux grosses billes, il scrute les casques dans la boutique de 2 roues. Le magasin est ouvert, sans plus attendre, il se précipite à l’intérieur accompagné par le carillon électronique de la boutique. Il en ressort dix minutes plus tard avec un casque noir intégral, rutilant, qui prolonge élégamment son costume de la même couleur. Le patron, tout d’abord terrifié à la vue du trou béant s’était montré très prévenant avec lui dès l’instant où Benjamin avait sorti une belle liasse de billet comme preuve de bonne foi. Il lui avait même fourni une boîte de compresses et du désinfectant qu’il était allé chercher dans son armoire à pharmacie personnelle. Un bon commerçant vraiment. Soulagé de savoir son cerveau plus à l’abri que jamais, il se remet en route, cette fois avec un but bien précis : manger. Tout sourire derrière sa visière fumée, il essaye d’envoyer un montage photo sur Instagram où on le voit, hilare avec son trou dans la tête puis défait sans son nouvel opercule, sous titré sobrement « Nekotrou/Nekotriste ». Mais il n’y a pas de réseau et c’est à contre-cœur qu’il doit abandonner l’envoi de son chef d’œuvre.
Après plusieurs minutes de marche le long de la plus grosse rue qu’il ait trouvée, Ben rejoint enfin le commerce qu’il recherchait désespérément. «Délice Kebab » le nom sonne comme une prophétie à ses oreilles et c’est le cœur léger qu’il pénètre dans l’établissement. S’accoudant nonchalamment au comptoir sans même relever sa visière teintée, il interpelle l’unique employé. « Bien ou Bien ? » Le type qui s’affairait à découper le gros morceau de viande en révolution, se retourne interloqué par ce client extravagant. « Bien… » lui répond-il hésitant. « C’est bien t’as vu. » Benjamin en opine du casque et ponctue ses fins de phrases avec de grands gestes des mains. « Bah je voudrais un kebab frite t’as vu. Avec un supplément fromage et sauce algérienne s’teu plaît chef. » Le gérant est un peu décontenancé, mais poursuit comme si de rien n’était. « Salade-tomate-oignon ? » Pour seul réponse, Benjamin, hoche vigoureusement de la tête en montrant ses pouces. « Installez-vous alors. Je vous apporte votre commande quand c’est prêt. » Sans se faire prier, il s’exécute et va rejoindre une table à laquelle il s’installe. Pour passer le temps, il joue à Fruit Ninja, mais il ne voit pas grand-chose avec la visière teintée de son casque. Puis soudain, semblant se souvenir de quelque chose, il se redresse et relève sa visière. « Je me demande ce qu’elle est devenue la petite chinoise … ».
3 commentaires:
Liquide céphalo-rachidien, peut être ? A vérifier, mais soyons précis mon cher.
Voilà, j'ai tout relu 2 ans après. cette histoire n'a rien perdu de sa force, de son pouvoir d'évocation et de sa qualité de mise en scène.
Pitié la suite ! Où faut-il envoyer l'argent ?
Ah, pour parfaire, l'emballage : 2 petites coquilles (volontaires ?) qui m'ont fait sourire :
Goldorack => Goldorak
Barouf ... d'honneur => baroud ... d'honneur
Je vas avoir beaucoup plus de temps à consacrer à l'écriture à partir de février. Je vais peut-être me remettre à alimenter le blog du coup.
On y croit!
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